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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 6
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Chennevières, Henry de: La gravure du siècle au Champ de Mars: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0531

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LA GRAVURE DU SIÈCLE AU CHAMP DE MARS.

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santés à ces délicatesses de traduction, il ne se fît pas faute de les
raffiner à son usage.

Le nom et l’œuvre de Gaillard, si connus et chers ici, amènent
tout naturellement à parler de la Gazette. Elle est depuis trente ans
la véritable école, le vrai conservatoire, le musée réel de la gravure
française. On doit pouvoir, sans violenter, outre mesure, sa trop
habituelle modestie, indiquer au moins son rôle capital dans les
progrès du cuivre moderne. A elle, à elle seule, revient la résur-
rection de l’eau-forte. Les entreprises d’édition multipliées aujour-
d’hui furent les conséquences naturelles et très profitables de ses
initiatives premières. Graveurs comme amateurs, tous lui sont rede-
vables de travaux et de pièces d’une portée bien nouvelle. Toute
une éclosion de talents s’est fait jour à son service, sans compter
ses deux incomparables collaborateurs, Gaillard et Jules Jacquemart.
La Chalcographie et la Société de gravure française ont vivifié le
burin de leur mieux. La Gazette ne pouvait pas paraître indifférente,
bien au contraire, à cette expression la plus parfaite. Mais son
influence vivace et jeune eut vite raison des pratiques par trop
somnolentes de certains modes de burin : elle y voulut de la variété
de travaux, du doigté un peu indépendant, de la finesse de facture.
Son format lui-même n’était pas pour nuire à la concision, à la
légèreté requises, car rien n’obligeait mieux aux soins concrets et
discrets de l’outil. Les autres genres ou procédés eurent également
accueil à la Gazette, avec un bienfait analogue de régénération. Pour
les graveurs, petits comme grands, pas un, on peut le dire, ne
manque à sa collection. La première mise en valeur de deux ou
trois générations d’artistes n’aura certes pas été le moindre service
rendu à l’école actuelle, par son large éclectisme. L’eau-forte surtout
lui doit en entier tous les pratiquants d’aujourd’hui. Assurément
Daubigny, Jacque et Méryon auraient pu suffire à la détermination
d’une poussée d’aquafortistes intermittents; mais, pour faire de cette
floraison d’abord indécise un vrai corps d’état, pour lui voir atteindre
les réelles conquêtes de l’heure présente, il fallait une bien autre
condition initiale. Un centre de cohésion et de publication périodique
était seul capable de soutenir et de multiplier les efforts individuels
au point de donner lieu à un ensemble d’œuvres successives et de
spécialisations de talents.

Le Salon des gravures du siècle, au Champ de Mars, montrera
l’importance décisive de ce rôle de la Gazette et fera briller, à côté
de Gaillard et de Jacquemart, les noms de Bracquemond, Flameng,
 
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