Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Bode, Wilhelm von: La Renaissance au Musée de Berlin, 8, Les écoles de Venise et de Vérone
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0539

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
492

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Un second portrait d’homme, de dimension un peu plus grande,
est infiniment plus rude dans la conception et l’exécution : il appar-
tient sans doute au premier temps de l’artiste. Un Saint Sébastien et
une grande Madone, avec un paysage de lointain, tableau exécuté par
Antonello à la commande de Catherine Cornaro, apparaissent, au
point de vue du modelé et surtout au point de vue de l’effet des
couleurs, si inférieurs à ce portrait de 1478, que l’on a considéré la
signature de l’artiste comme apposée ultérieurement sur ces deux
ouvrages. Mais cette opinion n’est pas juste : car il est incontestable,
à première vue, que les signatures ont été mises là par l’auteur même
du tableau. En revanche, ce qu’il est plutôt vraisemblable d’admettre,
c’est qu’Antonello laissait l’exécution de tableaux de ce genre à ses
aides, comme le prouve l’extraordinaire différence qui sépare ses
portraits de ces petites compositions.

Nous trouvons l’influence immédiate d’Antonello, surtout, dans
les tableaux de Luigi Vivarini. Elle y apparaît clairement marquée.
Tandis que l’unique tableau du vieux Bartolommeo Yivarini, un
Saint Georges, de l’année 1485, est assez médiocre, le Musée de Berlin
possède deux grands et importants tableaux d’autel de Luigi. L’un
(n° 1165) témoigne, et d’une façon peu heureuse, de l’influence de
différents maîtres vénitiens; c’est évidemment une des œuvres de sa
dernière période. L’autre tableau, au contraire, la Madone sur un
trône, entourée de six saints, présente une force de lumière et une
chaleur dans le coloris, une énergie dans le clair-obscur, et une
conformation plastique des figures, qui font apparaître le peintre
comme sorti de l’atelier d’Antonello. Les figures de saint Sébastien
et de saint Jérôme, surtout, sont vraiment imposantes.

Un nouvel élément fut apporté à l’art vénitien par un maître venu
des provinces slaves de la Vénétie, Vittore Carpaccio. A demi
Oriental, il donne, dans ses cycles tirés de la Légende des saints, et
si étincelants de couleur, l’image la plus vive et la plus expressive
de la vie et de l’affairement bariolés de Venise au xve siècle, parmi
ce mélange de l’Orient et de l’Occident. Le Musée de Berlin possède
l’une de ces peintures, que caractérisent la vivacité et la précision
du récit, l’éclat et la profondeur du coloris : c’est une suite de Y Histoire
de saint Étienne dont les autres pièces sont actuellement au Louvre, au
Brera, et dans la galerie de Stuttgart.

Contemporain de ces maîtres, encore qu’il soit moins original et
qu’il ait exercé une moindre influence, vient s’ajouter à eux un
peintre de la terre-ferme : Giovanni-Battista Cima da Conegliano.
 
Annotationen