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GAZETTE UES BEAUX-ARTS.
la chute de l’Empire, et les fit rétablir pour son usage. Ceci n’empêcha pas
Charles X de commander à Everard Bapst, pour son sacre, une couronne dont la
monture est moins légère que celle de Louis XV. Privée de ses pierres en 1854, elle
était encore, il y a deux ans, conservée au ministère des Finances où on la brisa
plutôt que de la céder à M. Germain Bapst qui se proposait de la garnir de fac-similé
à la place des pierres absentes pour la donner au Musée du Louvre à qui est échue
la tâche périlleuse de conserver ce qui reste des diamants de la Couronne pour le
plaisir des badauds et la convoitise des voleurs.
Louis Philippe conserva religieusement dans les coffres de la liste civile les
jojmux de la Couronne tels qu’il les avait reçus de la Restauration, et ce fut heu-
reux, car il eût laissé quelque chose de fort laid s’il les eût tranformés à la mode
romantique ou bourgeoise.
Le bijoutier reprit son rôle, mais seulement en théorie, dans la couronne d’or
aux aigles hautement éployées qui figure dans les portraits officiels de Napoléon 111,
car nous ne croyons pas qu’elle ait jamais été exécutée. Il serait même intéressant
de savoir qui en a composé le projet. Ce sont surtout les joailliers qui mirent en
œuvre les diamants de la Couronne pour l’impératrice, apportant toute leur industrie
à se dissimuler.
De tant d’œuvres successives dues aux plus habiles ouvriers depuis bientôt trois
siècles, il ne reste presque plus rien dans notre pays de vandales où l’on ne sait qui
est plus destructeur de l’administration quelle qu’elle soit ou des administrés quels
qu’en soient l’éducation et le rang. Leur histoire ne suffit pas, car elle n’est point
une consolation et moins encore une leçon. Mais des livres consciencieux, comme
celui de M. Germain Bapst, fondés sur des documents certains, sont les fermes
assises d’une histoire de l’art des matières précieuses en France. Et c’est à ce point
de vue spécial que nous nous plaçons pour le louer, puisque d’autres le louent pour
des qualités que nous n’avons point à apprécier ici.
ALFRED DARCEL.
GAZETTE UES BEAUX-ARTS.
la chute de l’Empire, et les fit rétablir pour son usage. Ceci n’empêcha pas
Charles X de commander à Everard Bapst, pour son sacre, une couronne dont la
monture est moins légère que celle de Louis XV. Privée de ses pierres en 1854, elle
était encore, il y a deux ans, conservée au ministère des Finances où on la brisa
plutôt que de la céder à M. Germain Bapst qui se proposait de la garnir de fac-similé
à la place des pierres absentes pour la donner au Musée du Louvre à qui est échue
la tâche périlleuse de conserver ce qui reste des diamants de la Couronne pour le
plaisir des badauds et la convoitise des voleurs.
Louis Philippe conserva religieusement dans les coffres de la liste civile les
jojmux de la Couronne tels qu’il les avait reçus de la Restauration, et ce fut heu-
reux, car il eût laissé quelque chose de fort laid s’il les eût tranformés à la mode
romantique ou bourgeoise.
Le bijoutier reprit son rôle, mais seulement en théorie, dans la couronne d’or
aux aigles hautement éployées qui figure dans les portraits officiels de Napoléon 111,
car nous ne croyons pas qu’elle ait jamais été exécutée. Il serait même intéressant
de savoir qui en a composé le projet. Ce sont surtout les joailliers qui mirent en
œuvre les diamants de la Couronne pour l’impératrice, apportant toute leur industrie
à se dissimuler.
De tant d’œuvres successives dues aux plus habiles ouvriers depuis bientôt trois
siècles, il ne reste presque plus rien dans notre pays de vandales où l’on ne sait qui
est plus destructeur de l’administration quelle qu’elle soit ou des administrés quels
qu’en soient l’éducation et le rang. Leur histoire ne suffit pas, car elle n’est point
une consolation et moins encore une leçon. Mais des livres consciencieux, comme
celui de M. Germain Bapst, fondés sur des documents certains, sont les fermes
assises d’une histoire de l’art des matières précieuses en France. Et c’est à ce point
de vue spécial que nous nous plaçons pour le louer, puisque d’autres le louent pour
des qualités que nous n’avons point à apprécier ici.
ALFRED DARCEL.