Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Mantz, Paul: Watteau, 4
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0037

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
WATTEAU.

29

un instant son élève. Ici on peut s’en rapporter à Gersaint qui,
comme il l’a dit lui-même, allait tous les deux ou trois jours à Nogent
pour voir Watteau et le consoler. « Il se reprocha de n’avoir pas
rendu assez de justice aux dispositions naturelles qu’il avoit reconnues
dans Pater... Il me pria de le faire venir à Nogent pour réparer en
quelque sorte le tort qu’il lui avoit fait en le négligeant et pour qu’il
pût du moins profiter des instructions qu’il étoit encore en état de
lui donner, Watteau le fit travailler devant lui et lui abandonna les
derniers jours de sa vie; mais Pater ne put profiter que pendant un
mois de cette occasion si favorable. »

Au mois de juin, et tout en donnant à son élève ses suprêmes
instructions, Watteau faisait toujours des projets : il aurait voulu
revoir une fois encore Valenciennes et les derniers représentants de
sa famille.. La force lui manqua pour entreprendre ce voyage. En
même temps, il mit ordre à ses affaires. Il partagea ses dessins, tré-
sor inestimable, entre quatre amis, Julienne, l’abbé Haranger, Hénin
et Gersaint. Ce dernier, fidèle jusqu’au dénouement, le vit mourir
entre ses bras le 18 juillet 1721.

Sur le caractère de la maladie qui emportait Watteau, nul doute
n’est possible. En nous disant que l’air de Londres est fort dangereux
pour les poitrinaires, en ajoutant que son ami était atteint du mal
que les Anglais appellent consomption, Gersaint est suffisamment
significatif. L’auteur des stances insérées par Julienne en tête de
son recueil est plus précis encore :

« Son esprit plein de feu, dès sa tendre jeunesse,

À de longues douleurs assujettit son corps;

Une noire phtisie en usa les ressorts
Et mesla ses jours de tristesse. »

Le 11 août, Pierre Crozat écrivait à Rosalba, alors à Venise :
« Nous avons perdu le pauvre M. Watteau. Il a fini ses jours le pin-
ceau à la main... » Le Mercure, dirigé par Antoine de la Roque,
consacra à l’infatigable travailleur une notice touchante. L’Académie
fut informée de l’événement dans la séance du 26 juillet et le secré-
taire se borna à inscrire au procès-verbal : « La mort de M. Antoine
Watteau, peintre, académicien, a été annoncée. » Ne semble-t-il pas
que le grand Watteau aurait mérité un peu plus d’écritures?

PAUL MANTZ.

(La suite prochainement.)
 
Annotationen