WATTEAU
(cinquième article*.)
. faudrait dire pourquoi nous
l’aimons, l’artiste au chan-
geant caprice dont nous
avons essayé de raconter
la vie. Ici les idées abon-
dent sous la plume, et la
difficulté consiste à mettre
en bon ordre les motifs
nombreux qui nous pous-
sent à accorder à Watteau
une importance exception-
nelle et qui, nous l’espé-
rons, garderont à notre ami
la place qu’il a conquise,
non seulement en France,
mais en Europe. Pour aimer
le peintre qui a si bien dit comment on vogue vers la Cythère
idéale, nous avons d’abord des raisons d'historien. Une secrète ten-
dresse du cœur, qui n’est en réalité qu’un besoin de justice, nous
attache inévitablement à ceux qui, en des temps divers, ont été les
ouvriers de la délivrance. Or, Watteau, que son biographe Caylus
nous représente comme un rêveur doux, inoffensif et même « un peu
berger », a été, dans la vérité des choses, un révolutionnaire très
imprévu et très hardi. Quand on revient de Versailles et qu’on a
examiné les œuvres des successeurs immédiats de Lebrun, on reste
convaincu que l’École française devait en avoir assez de ce que Sainte-
Beuve appellerait volontiers la lourde cavalerie des Pégases. En 1 * III.
1. Voy. Gazette des Beaux-Arts, 3° période, t. I, pages 5, 177, et 434, ett. III,
p. 3.
III. — 3° PÉRIODE.
17
(cinquième article*.)
. faudrait dire pourquoi nous
l’aimons, l’artiste au chan-
geant caprice dont nous
avons essayé de raconter
la vie. Ici les idées abon-
dent sous la plume, et la
difficulté consiste à mettre
en bon ordre les motifs
nombreux qui nous pous-
sent à accorder à Watteau
une importance exception-
nelle et qui, nous l’espé-
rons, garderont à notre ami
la place qu’il a conquise,
non seulement en France,
mais en Europe. Pour aimer
le peintre qui a si bien dit comment on vogue vers la Cythère
idéale, nous avons d’abord des raisons d'historien. Une secrète ten-
dresse du cœur, qui n’est en réalité qu’un besoin de justice, nous
attache inévitablement à ceux qui, en des temps divers, ont été les
ouvriers de la délivrance. Or, Watteau, que son biographe Caylus
nous représente comme un rêveur doux, inoffensif et même « un peu
berger », a été, dans la vérité des choses, un révolutionnaire très
imprévu et très hardi. Quand on revient de Versailles et qu’on a
examiné les œuvres des successeurs immédiats de Lebrun, on reste
convaincu que l’École française devait en avoir assez de ce que Sainte-
Beuve appellerait volontiers la lourde cavalerie des Pégases. En 1 * III.
1. Voy. Gazette des Beaux-Arts, 3° période, t. I, pages 5, 177, et 434, ett. III,
p. 3.
III. — 3° PÉRIODE.
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