Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

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GAZETTE DES BEAUX-AItTS.

ingénieur ducal, Andrea da Modena ou degli Organi *. Pendant
quinze ou vingt ans on ne se rebuta pas, et Ton fit venir à Milan un
maître allemand après l’autre. En 1491, on ordonna même d'inter-
rompre tout travail important jusqu’à l’arrivée du maître qu'allait cher-
cher Hans de Fernach. Invariablement le rapport que l’on demande au
dernier venu, condamne ce qui déjà a été fait. Chargés de formuler
leurs propositions sur ce qu’il conviendrait de faire, ces maîtres
voient leurs idées non moins invariablement rejetées et, après peu de
mois, on les congédie. Les nombreux ingénieurs lombards, parmi
lesquels plusieurs Campionesi, tiraient de leurs dessins ce qui pouvait
convenir à leurs besoins, en l’appropriant à leur manière de voir. En
outre, il y eut, comme à Florence, pour chaque membre de l’édifice,
au fur et à mesure que l’on y arrivait3, une sorte de concours, et
pendant l’exécution de ce membre architectonique, le vainqueur
monte parfois au rang de inzignerius generalis, pour redescendre
ensuite au rang de ceux qui étaient payés à la journée.

Dans la séance du 1" mai 1392 la coupe transversale actuelle fut
arrêtée, celle proposée par Henri Arler de Gmünd rejetée, et celui-ci
congédié. En juin 1393 on fit le chapiteau modèle consistant en
groupes de statues et de baldaquins, composition dont on ne retrouve
nulle part l’analogue en Europe. Plutôt que de se résigner à exé-
cuter de pareils chapiteaux, et à faire la fenêtre au milieu du pour-
tour du chœur semblable à celle des deux fenêtres adjacentes qui fut
dessinée par Nicolas Bonaventure, Ulrich de Fiissingen, en 1395,
préféra retourner à Ulm. Et en 1402, après un séjour de deux ans,
Jean Mignot, de Paris, fut à son tour congédié, ayant vu ses proposi-
tions également rejetées. L’architecture actuelle du monument se
trouvait ainsi, par l’achèvement du chœur et du transsept, définitive-

scmble, ronnnc ;'i l’abbé Ccrulli, dans ses Originidel Duomo, 1879, que l’influence
d’Annechino de Alcmania (Hans de Fernach?) a dû être assez considérable. C’est
le premier nom étranger (nous doutons qu’il fut Campioncse) que nous rencon-
trons. En février 1387 déjà, il étudie un modèle en plomb du tiburio. Si toutefois,
il avait été l’auteur du projet primitif, nous ne le verrions pas, en 1491, aller A
Cologne pour chercher « quemdam magislrum pro optimo inzignerio appro-
batum »...

1. M. Beltrami a peul-èlre raison de voir un indice de quelque imporlance,
dans la protection accordée à son fils Filippino, si jeune encore, qui demeura jus-
qu’en 1418 l’un des architectes de la fabrique, puis au petit-fils d’Andrea, Giorgio,
protégé à son tour par Francesco Sforza.

2. C'est ainsi que, en 1490, on donne aux piliers, une section supérieure ii celle
prévue antérieurement (Annales, I, p. 34 et 45).