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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Phillips, Claude: Correspondance d'Angleterre: la "Tudor exhibition" à la New Gallery; exposition des maîtres anciens à la Royal Academy
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0275

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252 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

spéciale de la reine, une admirable série de reproductions comprenant la collection
entière.

Celte merveilleuse « Iconographie » — plus remarquable encore que celle qu'on
publia plus de cent ans après, d’après les eaux-fortes et les portraits peints de
Van Dyck, comprend les personnages les plus marquants de la cour de Henri VIII,
— grands seigneurs, nobles dames, prélats, courtisans, jeunes élégants, puis la
noblesse de robe, plus gênée et ayant moins grand air que les vrais courtisans de
l’entourage immédiat du roi. Il faut surtout remarquer, parmi toutes ces pages
d’une vérité simple et saisissante, la série de porlraits de Thomas Morus, du juge
son père, et de presque tous les membres de sa famille, études destinées à servir
pour le grand portrait de famille que peignit Holbein pour le chancelier de
Henri VIII, lors de son premier séjour à Londres, et de l’ensemble duquel le
remarquable dessin à la plume du Musée de Bâle donne une idée sommaire. Le
souvenir de l’œuvre achevée se conserve encore dans quelques copies, dont une
grande miniature fine, mais d’un coloris quelque peu criard, est à la New Gallery.
Une bonne moitié des plus beaux dessins ont été après coup rehaussés et cernés
d’un trait plus décisif à l’encre noire, sans doute pour rendre plus facile le calque
que l’artiste devait prendre sur un papier transparent. Ce travail est souvent fait
avec une telle maîtrise qu’on croit pouvoir reconnaître la main du peintre lui-
même; en d’autres occasions, il faut croire que c’est plutôt un élève qui s’est
chargé de cette besogne ingrate. En tout cas, ce procédé jure considérablement
avec l’exquise finesse du modelé au crayon, et ce sont certainement les pages
vierges de toute retouche qui brillent comme les joyaux de la collection.

• Au point de vue historique, j’aurais peut-être dû commencer par quelques
portraits et œuvres d’une certaine importance qui appartiennent au règne précé-
dent. Un grand panneau des plus curieux est celui qu’on a affublé de la définition
Mariage de Henri VII avec Elisabeth d'York, en l’attribuant à Mabuse (Mrs Dent of
Sudeley). C’était, et c’est en partie encore, une œuvre supérieure de la main d'un
Flamand ou Hollandais de la fin du xve siècle, montrant deux personnages royaux
debout avec leurs saints patrons sous de magnifiques arcades en pierre à sculptures
ajourées d’un gothique trop mûr et trop épanoui. Au milieu, se voyait, sans aucun
doute, le groupe traditionnel la Vierge avec lEnfant; mais quelque zélé sectateur
hollandais du xvn° siècle a dù le faire remplacer par une perspective d église nue
et froide, comme en peignaient les Sleenwyck et les Saanredam, page curieuse
dont le ton blafard et l’exécution sèche jurent cependant avec le coloris puissant
et magnifique de l’œuvre primitive. Celle-ci n’a rien de la première manière
gothique de Mabuse; et surtout le beau paysage qu’on aperçoit à travers les
arcades est d’un ton plus chaud et d'un coloris moins uniformément bleuâtre que
le sien.

Parmi les portraitistes du règne de Marie Tudor, si nous ne retrouvons point
Antonio Moro, dont le magnifique portrait de cette reine est îi Madrid, nous
avons à la New Gallery au moins quatre exemplaires authentiques d’un remar-
quable contemporain flamand, Lucas de Heere, qui est à peine connu comme
portraitiste hors d’Angleterre. Ce peintre, originaire de Gand et élève de ce
flamand italianisant entre tous, Frans Floris, a néanmoins conservé intactes,
dans le portrait, les bonnes traditions venues des écoles nationales du xv* siècle.
 
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