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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 4
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Michel, Émile: Les études récentes sur l'école hollandaise: livres et musées
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0382

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ÉTUDES RÉCENTES SUR L’ÉCOLE HOLLANDAISE. 351

rent au débat et joue avec un roseau percé de trous, une manière de flûte qu’il
tient à la main. A cette date, l’œuvre est de prix et fait regretter l’absence d’autres
productions d'un peintre qui, malgré son rare mérite, n’est pas même nommé par
Van Mander. Mentionnons encore, parmi les dernières acquisitions, un tableau
mythologique de M. Uytenbroeek, avec un satyre et une nymphe, celle-ci un peu
plus gracieuse que ne sont d’ordinaire les figures de femme de cet italianisant. La
composition montre aussi plus de goût et le paysage — un réduit ombreux au bord
de l’eau, avec une végétation luxuriante et des herbages étudiés soigneusement —
n’est pas sans analogie avec Poelenburgh. M. Bredius, poursuivant le cours de ses
libéralités, a fait don au Musée d’une grisaille très étudiée de Pieter Lastinan, le
maître de Rembrandt, un Sacrifice d,'Abraham dont son élève s’est certainement
inspiré dans le grand tableau de l’Ermitage daté de 1635 et aussi dans une eau-
forte (Bartsch n°35), mais en donnant à la scène plus d’ampleur et plus d’imprévu.
Un grand paysage d’Esaïas van de Velde, daté de 1623, avec des arbres un peu
lourds et durement déchiquetés par un ciel bleu, nous offre, en revanche, la tona-
lité intense et la facture vivante de cet artiste qui a d’ailleurs étoffé cette compo-
sition de vaches et de personnages traversant en bac un canal, et qu’il a indiqués
avec sa précision savante et son esprit habituel. Une Vanitas de 1652 est signée
du nom peu connu de Jacques de Claeu, le gendre de Van Goyen, et nous prouve
que ce beau-frère de Jan Steen n’était pas indigne d’entrer dans cette famille
d’artistes. Les accessoires groupés suivant le goût du temps : des parchemins avec
leurs cachets, un crucifix, une tête de mort, une sphère voilée d’un crêpe noir, un
violon et une écritoire, sont égayés par une rose blanche et un coquelicot; le tout
est heureusement rendu et présente une harmonie brune aussi puissante que
distinguée. Notons enfin un panneau de cuivre largement brossé sur ses deux faces
et qui a autrefois servi d’enseigne à un marchand de vin : d’un côté, la maison de
ce négociant, sur le bord d’un quai où des bateaux ont amené les tonneaux qu’on
décharge; et, de l’autre, le cellier même dans lequel le marchand, ayant tiré un
verre de vin blanc, le montre à un jeune seigneur très élégamment vêtu qui
l’examine attentivement à la lumière. La touche grasse et moelleuse, la justesse
des valeurs et surtout le fond du ciel et des maisons noyées dans une vapeur dorée
nous invitent à penser, d’accord avec M. Bredius, que cette pochade, si prestement
enlevée, est delà main d’Albert Cuyp, et peinte sans doute par lui pour un de ses
concitoyens de Dort, afin de servir de réclame à son fournisseur attitré. Cuyp, on
le sait, était un personnage ; il avait pignon sur rue et sa situation de fortune (le
fait est rare chez ses confrères) lui permettait de rentrer dans sa cave quelques
tonneaux de ce vin clairet.

Presque en même temps que le Ryks Muséum s’enrichissait de tant d’ouvrages
remarquables qui remplissent déjà ses salles spacieuses, on disposait à la Haye,
dans un local plus vaste et plus honorable, le Musée municipal, à deux pas du
Maurilshuis et en face du Vivier. A côté des chefs-d’œuvre de Ravesteyn, on y
peut voir désormais, en bonne lumière, bien des toiles intéressantes, par exemple
celles d’artistes qu’on ne saurait guère apprécier que là, comme Evert Crinsz van
der Maës et Joachim llouckgeest, avec les deux beaux portraits en pied de porte-
drapeau, datés de 1617 et 1621, qui s’y font pendants. Notons aussi, au milieu
d’autres tableaux relatifs à l’ancienne topographie de La Haye, le grand panorama
de cette ville (4m,38 sur lm,70), exécuté en 1651 par Van Goyen, qui reçut pour
 
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