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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Michel, Émile: La jeunesse de Rembrandt, 2: 1606 - 1631
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0468

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430

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

s’harmonisent bien avec la robe blene de la Vierge et l’expression
d’adoration de cette Vierge et du Saint-Jean, la bonté qui se lit sur
les traits de Siméon, l’admiration de la Prophétesse, — les mains
ouvertes, dans une attitude que Rembrandt donnera plus tard à l’un
des spectateurs de la Résurrection de Lazare, — sont bien en rapport
avec le caractère de la scène. Comme dans les oeuvres précédentes, la
mimique des personnages est très franche et même un peu exagérée.
Avec son robuste bon sens, le jeune homme saisit les côtés saillants
des épisodes qu’il se propose de traiter et il tient avant tout à se faire
comprendre, à conserver la vie et la vérité des mouvements. Si les
gestes sont parfois excessifs et les types un peu vulgaires, du moins
les intentions apparaissent nettement écrites, sans malentendus
possibles et avec le temps, tout en conservant cette force dans l’ex-
pression de sa pensée, le maître saura la rendre avec des nuances
plus délicates et plus variées.

Un minuscule tableau (0m,22 hauteur sur 0ra,17) peint sur cuivre, —
c’est le seul que nous connaissions dans l’œuvre de Rembrandt, — et
qui porte avec le monogramme du peintre la date 1628 représente
un sujet assez énigmatique dans lequel M. Bode croit voir, et non
sans raison à notre avis, 1 e Reniement de Saint-Pierre. L’apôtre, si c’est
bien en effet de lui qu’il s’agit, est entièrement couvert d’une
armure et soutient à la fois les interrogations et les regards curieux
des soldats et des domestiques rangés autour d’un grand feu, dans la
cour du Grand-Prêtre. La composition frappe par son étrangeté, par
l’expression de quelques-uns des visages, surtout par la franchise de
l’effet et le contraste de ces ténèbres épaisses accumulées autour des
personnages vivement éclairés. Dans ces dimensions restreintes,
l’exécution parait plus habile, moins appuyée, et le clair-obscur
mieux observé.

Le sentiment de la vie et la science du clair-obscur que nous
remarquons déjà dans ces divers tableaux, Rembrandt les avait acquis
par des études toutes personnelles, faites directement d’après nature
et qui devaient avoir une grande influence sur le développement de son
talent. Les modèles à cette époque étaient rares en Hollande, particu-
lièrement à Leyde qui ne possédait pas, comme Harlem, une académie
de peinture. Mais pour un artiste qui désire ardemment s’instruire,
les occasions ne manquent jamais et ni l’intelligence, ni la volonté ne

1. 11 appartenait, il y a peu de temps encore, à M. Otto Pein à Herlin et il a
récemment figuré dans une vente publique à Cologne (1888).
 
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