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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0083

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

archives de Léonard de Vinci, car, comme ceux de M. Ravaisson-Mollien, il se
borne à reproduire, sur 94 planches en phototypie, le fac-similé des feuillets origi-
naux et, en regard de chacune, sa transcription des textes de Léonard. Une
courte introduction donne l'historique du volume. L’auteur y rappelle brièvement
ce que l'on a dit jusqu’ici de l’une des énigmes de ce manuscrit, les longues séries
de mots italiens rangés en colonnes.

Des notes à la fin du volume indiquent pour chaque page les fragments qui en
ont déjà été reproduits principalement par M. J.-P. Richter dans ses Literary
Works of Leonardo, et par le comte G. Porro U en rectifiant un certain nombre
d’erreurs de lecture de ces deux auteurs. Sans vouloir épuiser le sujet, M. Bel-
trami y donne aussi de nombreuses indications sur les endroits où, dans d’autres
manuscrits, Léonard traite les mêmes sujets. Une bibliographie du Codice
Trivulziano termine le travail. De la sorte, M. Beltrami nous offre grâce
aux bonnes planches, à l’impression nette et au papier excellent, un fort beau
volume sans luxe exagéré, mais digne du sujet. Il renferme tout ce que l’on peut
désirer en pareil cas, lorsque l’auteur renonce à l’interprétation ou à l’explication
des documents qu’il offre comme base d’études ultérieures.

Si le premier manuscrit dont nous avons parlé aujourd’hui nous montrait
deux côtés des préoccupations de Léonard étroitement liées entre elles, le Vol des
oiseaux et la Machine à voler, c’est par un aspect tout autre, nous semble-t-il, et
demeuré obscur et mystérieux aux yeux de MM. Govi et Beltrami, que le génie
de Léonard s’offre à nous dans le manuscrit Trivulzio. Le problème qui se dresse
ici en face de nous et que nous demanderons la permission de résoudre, consiste
dans la recherche de la raison d’être et de la signification des interminables colonnes
de mots qui constituent l’un des deux sujets intéressants du présent volume.

Ces listes ou séries de mots italiens se trouvent sur 49 feuillets du manu-
scrit et en occupent 38 en entier, écrites avec ordre, formant quatre ou cinq
colonnes serrées, qui doivent contenir, au minimum, sept à huit mille mots
différents. M. Beltrami, après avoir rappelé que plusieurs exemples de ces listes
bizarres se retrouvent aussi dans le Codice Atlantico, et constaté l’intérêt qu’elles
éveillaient chez M. Govi, cite l’opinion que celui-ci avait tenté de se faire à leur
sujet1 2. Il croyait y découvrir l’intention de former un vocabulaire de la langue
italienne. Aux hypothèses de Govi3, M. Beltrami ajoute à son tour quelques obser-
vations. Il est frappé surtout par le désordre qui prévaut dans ces listes, et par
l’impossibilité d'y saisir le critérium qui a prévalu dans leur formation.

Il ne peut s’expliquer pourquoi, si Léonard voulait former le schéma d’un
dictionnaire, l'on trouve répétés maintes fois certains termes tels que uniço,
aldacia, concietto, neciessita, et trouve ces répétitions plus étranges encore quand
elles se rencontrent parfois sur la même page 4.

1. Archivio Storico lombardo, année VIII, fasc. IV, 1881.

2. Saggio delle opéré di Leonardo da Vinci, Milan. 1872, p. 9, col. 2.

3. Foglio 359ro.

4. Léonard s’excuse quelque part des répétitions de ce genre dans ses écrits, disant
que lorsqu’une idée ou une observation se présente à lui, il lui faudrait infiniment plus
de temps pour rechercher s’il l’a déjà notée antérieurement que d’écrire sa pensée à
nouveau. Les auteurs qui ont dépassé l’âge de cinquante ans comprendront facilement
toute la justesse de cette explication.
 
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