CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE
EXPOSITION DE MAITRES ANCIENS A LA ROYAL ACADEMY
Celte exposition est la vingt-sixième de celles qui se sont succédé régulièrement
depuis l’hiver de 1809-70, et, malgré une certaine infériorité des tableaux italiens de
la Renaissance, ilfaudra la compter parmi les plus intéressantes de cette longue série.
Velâzquez, Rubens, Rembrandt et les autres Hollandais y sont représentés par
des œuvres de qualité exceptionnelle, et l’école anglaise s’y maintient bravement
même à côté de ces voisins écrasants, avec une suite de portraits et de paysages d’un
charme auquel les plus sévères essaieraient en vain de se soustraire. On a eu
l’heureuse idée de joindre à la collection de tableaux une série d’objets d’orfèvrerie,
de bijoux ouvragés et émaillés, de petits bronzes, médailles et plaquettes, de camées
et pierres gravées, appartenant pour la plupart aux xve et xvie siècles, série qui, sans
avoir des proportions considérables, contient certaines pièces capitales provenant,
et c’est tout dire, des collections de S. M. la reine d’Angleterre, de lady Wallace,
lord Rothschild, lady Rothschild, sir J. C. Robinson, sir A. Wollaston Franks
(du Musée britannique), M. S. Salting, et lord Rattersea.
Pendant plusieurs années de suite nous avons eu à nous plaindre de la qualité
douteuse d’une partie des tableaux italiens qu’on envoie à Burlington House,
surtout si on les compare aux œuvres éblouissantes des autres écoles qui d’année
en année, sans intervalle ni diminution, se pressent dans les salles de l’Aca-
démie. Si on recherche les causes de cette infériorité relative où se trouve l’art
italien dans l'exposition pour ainsi dire officielle d’un pa}rs qui, malgré les grandes
pertes qu’il a subies, possède encore tant de richesses, il faudra avouer que les
possesseurs d’œuvres célèbres des écoles italiennes de la grande époque se montrent
quelque peu effarouchés par les1 audaces de la critique récente, audaces du reste
bien légitimes, puisqu’elles reposent sur des études plus sérieuses et plus suivies
que celles qu’on avait consacrées jusqu’ici à l’art italien, mais qui ne laissent pas
de causer des surprises pénibles aux collectionneurs, héritiers ou acquéreurs de
tableaux dont la réputation, consacrée par le temps, semblait inattaquable.
La salle réservée d’ordinaire aux primitifs italiens, néerlandais et allemands a
été envahie en partie, cette année, par les peintres du xvne et même du xvme siècle.
EXPOSITION DE MAITRES ANCIENS A LA ROYAL ACADEMY
Celte exposition est la vingt-sixième de celles qui se sont succédé régulièrement
depuis l’hiver de 1809-70, et, malgré une certaine infériorité des tableaux italiens de
la Renaissance, ilfaudra la compter parmi les plus intéressantes de cette longue série.
Velâzquez, Rubens, Rembrandt et les autres Hollandais y sont représentés par
des œuvres de qualité exceptionnelle, et l’école anglaise s’y maintient bravement
même à côté de ces voisins écrasants, avec une suite de portraits et de paysages d’un
charme auquel les plus sévères essaieraient en vain de se soustraire. On a eu
l’heureuse idée de joindre à la collection de tableaux une série d’objets d’orfèvrerie,
de bijoux ouvragés et émaillés, de petits bronzes, médailles et plaquettes, de camées
et pierres gravées, appartenant pour la plupart aux xve et xvie siècles, série qui, sans
avoir des proportions considérables, contient certaines pièces capitales provenant,
et c’est tout dire, des collections de S. M. la reine d’Angleterre, de lady Wallace,
lord Rothschild, lady Rothschild, sir J. C. Robinson, sir A. Wollaston Franks
(du Musée britannique), M. S. Salting, et lord Rattersea.
Pendant plusieurs années de suite nous avons eu à nous plaindre de la qualité
douteuse d’une partie des tableaux italiens qu’on envoie à Burlington House,
surtout si on les compare aux œuvres éblouissantes des autres écoles qui d’année
en année, sans intervalle ni diminution, se pressent dans les salles de l’Aca-
démie. Si on recherche les causes de cette infériorité relative où se trouve l’art
italien dans l'exposition pour ainsi dire officielle d’un pa}rs qui, malgré les grandes
pertes qu’il a subies, possède encore tant de richesses, il faudra avouer que les
possesseurs d’œuvres célèbres des écoles italiennes de la grande époque se montrent
quelque peu effarouchés par les1 audaces de la critique récente, audaces du reste
bien légitimes, puisqu’elles reposent sur des études plus sérieuses et plus suivies
que celles qu’on avait consacrées jusqu’ici à l’art italien, mais qui ne laissent pas
de causer des surprises pénibles aux collectionneurs, héritiers ou acquéreurs de
tableaux dont la réputation, consacrée par le temps, semblait inattaquable.
La salle réservée d’ordinaire aux primitifs italiens, néerlandais et allemands a
été envahie en partie, cette année, par les peintres du xvne et même du xvme siècle.