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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 5
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Phillips, Claude: Exposition de maîtres anciens à la Royal Academy, [2]: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0443

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CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE

n

EXPOSITION DE MAITRES ANCIENS A LA ROYAL GALLERY

On a bien rarement vu, même à la Royal Academy, des Reynolds et des Gains-
borough aussi enchanteurs que cette année-ci. Plus que jamais, on se sent indécis
entre les deux artistes; car si Reynolds montre dans son art plus de force créatrice,
plus d’invention poétique que son rival, celui-ci fait valoir en revanche ses qualités
de maître-peintre, une originalité, une audace comme praticien, que le premier
président de l’Académie ne posséda jamais au même degré.

Lord Houghton, qui a hérité récemment de la merveilleuse collection de Crewe,
a voulu offrir au public, pour la première fois depuis bien des années, l’occasion de
voir à Londres une série de tableaux de Reynolds qu’aucune collection privée,
excepté celles de lord Spencer et de lord Radnor, ne pourrait égaler. Voici tout
d’abord la délicieuse Kitty Fisher, cette courtisane de la race des Athéniennes on
des Vénitiennes, qui charmait la jeunesse dorée de son époque autant par sa grâce
et son esprit que par sa beauté. Ce n’est peut-être pas un tableau d’une facture
bien puissante, surtout dans son état actuel, mais le parfum intime qui s’en dégage
permet de comprendre toute la séduction qu’exerça sur ses contemporains cette
Aspasie anglaise, ou plutôt allemande (son nom de famille étant Fischer).

Passons du demi-monde au grand monde, et arrêtons-nous devant ce hean
groupe qu’on pourrait qualifier, hélas! de belle ruine, Mistress Creive et mistress
Bouverie. La composition, d’une grâce achevée et point trop maniérée, montre
les deux élégantes contemplant avec une sensibilité de circonstance une stèle
sur laquelle est gravée cette inscription : Et in Arcadia ego, empruntée ou au
Guerchin, ou au chef-d’œuvre du Poussin au Louvre. En voyant sous ce costume
plus ou moins classique les deux étoiles du grand monde, on ne peut s’empêcher
de se rappeler qu’elles se montrèrent ensemble à un bal masqué, qui eut lieu au

1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 3a pér., t. XIII, p. 346.
 
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