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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
clelisé, approchant la main gauche d’une couronne ducale posée sur
un coussin de velours); enfin, le troisième avec le n° 2027 (jeune
prince de la même maison couvert d’une armure, avec vêtement blanc
et ruban rouge au cou). Mais quelques difficultés surgissent. D’abord
les deux portraits de femmes sont donnés dans le catalogue comme
représentant la duchesse de Berry, cette Marie-Louise-Elisabeth
d’Orléans, fille aînée du Régent, connue à la cour de Louis XIV sous
le nom de Mademoiselle jusqu’à son mariage avec le petit-fils du roi,
en 1710. On objectera que les désignations peuvent êtres fausses;
mais l'erreur est peu vraisemblable, car elle remonterait aux titres
mêmes que portaient les tableaux dans la collection de Philippe Y
d’où ils sont tirés. Les Bourbons devaient mieux connaître les membres
de leur famille. Quant au jeune prince en armure (n° 2027), rien
n’empêche que ce ne soit le dauphin Louis qui épousa Marie-Thérèse
d’Espagne, en 1745, si ce n’est son âge : en 1745, le fils de Louis XV,
né en 1729, avait seize ans; or, le héros de Nattier est encore un
enfant. Sur le quatrième portrait (une petite fille en robe bleue,
galonnée d’or), aucun renseignement ne nous est parvenu. D’ailleurs
qu’importent les noms? Deux de ces toiles au moins, le 2029 et le 2027
sont charmantes de finesse et de fraîcheur, d’une authenticité incon-
testable.
Enfin, nous contentant de citer une dizaine de peintres sans
renom, représentés au Musée, — Hutin, Gobert, Bernat, Callet, Cour-
tilleau, Duprat, Fabre, Malaine, etc., nous signalerons, pour termi-
ner ce rapide examen, deux paysages de Pillement, inférieurs à
ceux qu’on voit à Londres, mais qui manquent à Paris; quatre
marines de Joseph Vernet, dont le principal tort est d’être présentées
en regard des Claude Lorrain; deux jolis portraits de Mme Vigée-
Lebrun, et un Charles X, très somptueux, du baron Gérard.
Si inférieure, en somme, qu’elle apparaisse auprès de sa devan-
cière, l’Ecole française du xvme siècle se montre encore avec
quelque avantage au Musée de Madrid. Avant de nous plaindre de
l’insuffisance de son apport, songeons à la manière dont l’Ecole
espagnole est représentée dans notre Louvre.
LÉOPOLD MAB1LLEAU.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
clelisé, approchant la main gauche d’une couronne ducale posée sur
un coussin de velours); enfin, le troisième avec le n° 2027 (jeune
prince de la même maison couvert d’une armure, avec vêtement blanc
et ruban rouge au cou). Mais quelques difficultés surgissent. D’abord
les deux portraits de femmes sont donnés dans le catalogue comme
représentant la duchesse de Berry, cette Marie-Louise-Elisabeth
d’Orléans, fille aînée du Régent, connue à la cour de Louis XIV sous
le nom de Mademoiselle jusqu’à son mariage avec le petit-fils du roi,
en 1710. On objectera que les désignations peuvent êtres fausses;
mais l'erreur est peu vraisemblable, car elle remonterait aux titres
mêmes que portaient les tableaux dans la collection de Philippe Y
d’où ils sont tirés. Les Bourbons devaient mieux connaître les membres
de leur famille. Quant au jeune prince en armure (n° 2027), rien
n’empêche que ce ne soit le dauphin Louis qui épousa Marie-Thérèse
d’Espagne, en 1745, si ce n’est son âge : en 1745, le fils de Louis XV,
né en 1729, avait seize ans; or, le héros de Nattier est encore un
enfant. Sur le quatrième portrait (une petite fille en robe bleue,
galonnée d’or), aucun renseignement ne nous est parvenu. D’ailleurs
qu’importent les noms? Deux de ces toiles au moins, le 2029 et le 2027
sont charmantes de finesse et de fraîcheur, d’une authenticité incon-
testable.
Enfin, nous contentant de citer une dizaine de peintres sans
renom, représentés au Musée, — Hutin, Gobert, Bernat, Callet, Cour-
tilleau, Duprat, Fabre, Malaine, etc., nous signalerons, pour termi-
ner ce rapide examen, deux paysages de Pillement, inférieurs à
ceux qu’on voit à Londres, mais qui manquent à Paris; quatre
marines de Joseph Vernet, dont le principal tort est d’être présentées
en regard des Claude Lorrain; deux jolis portraits de Mme Vigée-
Lebrun, et un Charles X, très somptueux, du baron Gérard.
Si inférieure, en somme, qu’elle apparaisse auprès de sa devan-
cière, l’Ecole française du xvme siècle se montre encore avec
quelque avantage au Musée de Madrid. Avant de nous plaindre de
l’insuffisance de son apport, songeons à la manière dont l’Ecole
espagnole est représentée dans notre Louvre.
LÉOPOLD MAB1LLEAU.