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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 5
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Phillips, Claude: Exposition de maîtres anciens à la Royal Academy, [2]: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0444

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422

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Panthéon — casino à la mode de l’époque — costumées tout différemment en
young fellows et portant, avec une crâncrie qui provoqua toutes les admirations,
leurs chapeaux d’hommes. Quel contraste piquant aurait offert la comparaison
des portraits de ces jeunes beaux avec le charmant groupe élégiaque à l’Académie
royale! La plus célèbre des deux amies reparaît dans le portrait de fantaisie
Mrs Crevoe en sainte Geneviève, œuvre d’une élégance et d’un sentiment un peu
fades. Les deux plus belles peintures de sir Joshua, actuellement à Burlington ïïouse,
sont cependant les deux portraits d’enfants, Master Crewe en Henry VIII et
Miss Fronces Crewe. Reynolds a eu l’aimable fantaisie de représenter un bel enfant
blond aux membres robustes dans le costume et dans l’attitude consacrés par
les portraits du terrible monarque que nous devons à Holbein et à ses imitateurs :
appréciant parfaitement la situation, Master Crewe paraît enchanté du rôle formi-
dable qu’on lui fait jouer. Le costume n’est pas tout entier de Reynolds, mais la
tête est un morceau d'une finesse rare. Plus beau encore, parce qu'il est presque
entièrement de la main du maître, est le pendant, Miss Fronces Crewe, une des rares
toiles parfaitement conservées du grand portraitiste, montrant ce qu’était sa
couleur à l’époque de sa maturité. Ce portrait ressemble de très près à un autre,
plus connu, mais moins bien conservé, Lady Caroline Montagu in the snow1,
gravé à la manière noire sous le titre Winter. Lady Betty Delmé avec ses enfants
est un grand et beau portrait d’apparat que nous ne plaçons pas très haut
dans l'œuvre de Reynolds, quoiqu'il ait atteint dans une vente récente un prix
extraordinaire.

Le plus remarquable desportraits de Gainsborough à la Royal Academy est celui de
Lady Eardley (à M. Pierpont Morgan). Le modèle, qui n’a pas de prétentions à la
beauté, charme cependant par une élégance sans apprêt et une bonne humeur
rayonnante; lady Eardley est vue debout, dans une attitude simple, vêtue d'un
costume de soie bleu clair avec une jupe miroitante de satin blanc. Pour la force et
l’unité du ton et la franchise magistrale de l’exécution, Gainsborough n’a jamais
fait mieux, même dans ses œuvres les plus célèbres. Une autre toile qui compte
parmi les plus admirées du même maître est cette scène quelque peu inspirée de
Watteau, Ladies walking in the Mail, Saint-James. Gainsborough nous y montre,
avec une légèreté et une grâce triomphantes, les dames du grand monde d’alors,
vêtues de costumes d’été en étoffes claires et diaphanes, se promenant, accompa-
gnées de leurs cavaliers, dans la grande allée du parc de Saint-James. On a critiqué
le rendu sommaire des feuillages et l’à peu près des formes; mais rien n'est plus
réussi que l'indication du petit souffle léger qui enveloppe tous ces groupes,
que les mouvements balancés et élégants des femmes, s’avançant ou s’éloignant
dans l'allée ombragée de beaux arbres. C’est de ce tableau que Horace Walpole dit,
avec une justesse qu’il n’a pas toujours rencontrée, qu'il était ail a flatter like a
lady’s fan « mouvementé comme un éventail de femme ». Sa Majesté la Reine a
envoyé de Windsor une autre page bien intéressante du maître, les portraits du
duc et de la duchesse de Cumberland, avec lady Elizabeth Luttrell, dans un pay-
sage. Citons encore une œuvre très connue : The Cottage Door (la Porte du cottage,
au duc de Westminster), et une délicieuse étude, rappelant Cuyp pour le sujet,
mais d’une couleur bien propre à Gainsborough.

1. Lady Caroline Montagu, dans la neige.
 
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