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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de chêne ceint les cheveux; une chaîne richement travaillée se
déroule autour de son cou. Sur la plinthe, l’inscription :
REX MATHIAS HVNGARIÆ
Un second bas-relief de la même collection, également en marbre
blanc (h. 0m,44, 1. 0m,335), se distingue du précédent par une facture
plus grossière et par l’absence de chaîne.
Un troisième bas-relief, conservé au musée de Berlin, représente
Mathias de profil, tourné à gauche; ses cheveux sont ceints de la
couronne de chêne traditionnelle; sa poitrine est recouverte d’une
cuirasse à écailles, sur laquelle est jeté un bout de draperie. M. Bode,
qui, dans l’attribution de cette sculpture, avait d’abord hésité entre
Antonio Rossellino et Benedetto da Majano, vient de se prononcer
catégoriquement en faveur de Yerrocchio l.
Par contre, la statue dont le gouverneur de la Silésie fit orner,
en 1486, la porte du château d’Ortenbourg (gravée dans l’ouvrage de
Mgr Fraknoi) est franchement gothique, avec quelques réminis-
cences orientales.
Je serais assez disposé à reconnaître le portrait de Mathias et de
Béatrix dans un ivoire de la collection Carrand, aujourd’hui au
musée national de Florence (Alinari, n° 20,973). Les deux souverains
représentés de profil, à mi-corps, se font face; la reine a la tête
ceinte de pampres; le roi porte sur la tête un bonnet avec des nœuds,
et autour du cou une chaîne.
Les traits de la reine Béatrix nous ont été avant tout conservés par
le beau buste de la collection Gustave Dreyfus, qui la représente
toute jeune (avant son mariage?), avec l’inscription DIYA BEATRIX
ARAGONIA2. Dans ce buste, d’un charme et d’une distinction rares,
d’une souplesse et d’une morbidesse infinies, quelques savants ont
voulu voir l’œuvre de Francesco Laura na, qui travailla à Naples dans
la seconde moitié du xve siècle; mais leur opinion vient d’être com-
battue par le D1' Carotti de Milan; d’après lui, rien ne ressemble
1. liai. Portràt-Skulpturen, 1883, p. 33. — Die ital. Plastik, 1891, p. 110. —
Gazette des Beaux-Arts, 1888, t. II, p. 387.
2. Le buste a été publié par M. Louis Courajod dans la Gazette du mois de
juillet 1883. Voyez en outre le travail de notre collaborateur dans le Bulletin de la
Société des Antiquaires de France, 1886, p. 303, et celui de M. Bode dans l’Annuaire
des Musées de Berlin (t. IX, X), ainsi que dans le volume intitulé Die ital. Plastik
(p. 142-143).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de chêne ceint les cheveux; une chaîne richement travaillée se
déroule autour de son cou. Sur la plinthe, l’inscription :
REX MATHIAS HVNGARIÆ
Un second bas-relief de la même collection, également en marbre
blanc (h. 0m,44, 1. 0m,335), se distingue du précédent par une facture
plus grossière et par l’absence de chaîne.
Un troisième bas-relief, conservé au musée de Berlin, représente
Mathias de profil, tourné à gauche; ses cheveux sont ceints de la
couronne de chêne traditionnelle; sa poitrine est recouverte d’une
cuirasse à écailles, sur laquelle est jeté un bout de draperie. M. Bode,
qui, dans l’attribution de cette sculpture, avait d’abord hésité entre
Antonio Rossellino et Benedetto da Majano, vient de se prononcer
catégoriquement en faveur de Yerrocchio l.
Par contre, la statue dont le gouverneur de la Silésie fit orner,
en 1486, la porte du château d’Ortenbourg (gravée dans l’ouvrage de
Mgr Fraknoi) est franchement gothique, avec quelques réminis-
cences orientales.
Je serais assez disposé à reconnaître le portrait de Mathias et de
Béatrix dans un ivoire de la collection Carrand, aujourd’hui au
musée national de Florence (Alinari, n° 20,973). Les deux souverains
représentés de profil, à mi-corps, se font face; la reine a la tête
ceinte de pampres; le roi porte sur la tête un bonnet avec des nœuds,
et autour du cou une chaîne.
Les traits de la reine Béatrix nous ont été avant tout conservés par
le beau buste de la collection Gustave Dreyfus, qui la représente
toute jeune (avant son mariage?), avec l’inscription DIYA BEATRIX
ARAGONIA2. Dans ce buste, d’un charme et d’une distinction rares,
d’une souplesse et d’une morbidesse infinies, quelques savants ont
voulu voir l’œuvre de Francesco Laura na, qui travailla à Naples dans
la seconde moitié du xve siècle; mais leur opinion vient d’être com-
battue par le D1' Carotti de Milan; d’après lui, rien ne ressemble
1. liai. Portràt-Skulpturen, 1883, p. 33. — Die ital. Plastik, 1891, p. 110. —
Gazette des Beaux-Arts, 1888, t. II, p. 387.
2. Le buste a été publié par M. Louis Courajod dans la Gazette du mois de
juillet 1883. Voyez en outre le travail de notre collaborateur dans le Bulletin de la
Société des Antiquaires de France, 1886, p. 303, et celui de M. Bode dans l’Annuaire
des Musées de Berlin (t. IX, X), ainsi que dans le volume intitulé Die ital. Plastik
(p. 142-143).