198
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
LA CHAPELLE HU CASTEL LO
De ce Studiolo, dont quelques guides font une sacristie et qui. à un
moment donné, a dû effectivement servir à cet office, malgré les sujets
profanes qu’j^ aurait peints le Corrège, on passe dans le Sacellum,
sanctuaire abandonné, restauré, remanié, moisi, mais dont les pein-
tures, au premier aspect, présentent un ensemble complet réparti
dans les tympans des murs de refend et les compartiments du plafond,
il faut se rendre compte de cette circonstance, que le Castello, de 1708
à 1866, était aux mains du pouvoir militaire; on sait même qu’il a
servi de prison aux patriotes et qu’on n’en sortait parfois que pour
aller à la mort; il n’était donc guère question alors d'étudier le
monument, absolument fermé pour la partie qui nous occupe. Nous
savons par la tradition et par un témoin oculaire, Pasquale Coddé,
secrétaire des Beaux-Arts de l’Académie de Mantoue, que les pein-
tures de la chapelle n’ont été découvertes qu’au commencement du
siècle; elles représentent le Christ triomphant, les quatre Sybilles et les
quatre premiers prophètes. Le fils de Coddé, Luigi, l’auteur des Memorie
biografiche, a revendiqué cette restitution pour son père, fils d’un
médecin des Gonzague, qui, né en 1756 dans le Castello, a
beaucoup fait pour l’histoire de l’art à Mantoue. Ce dernier, d’après
un document tiré du Registre des décrets de Frédéric Gonzague, attribuait
ces peintures à Lorenzo Bruno, peintre de la Cour, dont il a remis le
nom en honneur et auquel il a rendu son état civil, en publiant sur
lui nombre de documents tirés des Archives de Mantoue1. Ce docu-
ment dit vrai, mais d’autres documents postérieurs, tirés de la même
source, détruisent les premiers, et confirment les superpositions de la
décoration; car, alors que les premiers nous prouvent que Lorenzo
Léon Bruno, sous la direction de Lorenzo Costa, avait décoré la
J. Le document est cité par Luigi Coddé. Prandi l'avait déjà cité; Carlo d’Arco
l'a repris dans sa Vie de Jules Romain. 11 est daté 1523, mais, nous le répétons, il
énumère des services rendus par Lorenzo Bruno à une époque antérieure à sa date.
— ... « Fredericus, etc., etc... Quocl officiis possumus in Laurentium Leon Brunum
consummatissimum, virtutis in pictura excellentem diu multumque cogitavimus...
Nam cum inscii non sumus eum de bene nobis benemeritum esse, et cum intueamur
cjus opéra præclara, et admiratione cligna, quœ in sacellis, et cameris noslrœ
arcis pinxit ».
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
LA CHAPELLE HU CASTEL LO
De ce Studiolo, dont quelques guides font une sacristie et qui. à un
moment donné, a dû effectivement servir à cet office, malgré les sujets
profanes qu’j^ aurait peints le Corrège, on passe dans le Sacellum,
sanctuaire abandonné, restauré, remanié, moisi, mais dont les pein-
tures, au premier aspect, présentent un ensemble complet réparti
dans les tympans des murs de refend et les compartiments du plafond,
il faut se rendre compte de cette circonstance, que le Castello, de 1708
à 1866, était aux mains du pouvoir militaire; on sait même qu’il a
servi de prison aux patriotes et qu’on n’en sortait parfois que pour
aller à la mort; il n’était donc guère question alors d'étudier le
monument, absolument fermé pour la partie qui nous occupe. Nous
savons par la tradition et par un témoin oculaire, Pasquale Coddé,
secrétaire des Beaux-Arts de l’Académie de Mantoue, que les pein-
tures de la chapelle n’ont été découvertes qu’au commencement du
siècle; elles représentent le Christ triomphant, les quatre Sybilles et les
quatre premiers prophètes. Le fils de Coddé, Luigi, l’auteur des Memorie
biografiche, a revendiqué cette restitution pour son père, fils d’un
médecin des Gonzague, qui, né en 1756 dans le Castello, a
beaucoup fait pour l’histoire de l’art à Mantoue. Ce dernier, d’après
un document tiré du Registre des décrets de Frédéric Gonzague, attribuait
ces peintures à Lorenzo Bruno, peintre de la Cour, dont il a remis le
nom en honneur et auquel il a rendu son état civil, en publiant sur
lui nombre de documents tirés des Archives de Mantoue1. Ce docu-
ment dit vrai, mais d’autres documents postérieurs, tirés de la même
source, détruisent les premiers, et confirment les superpositions de la
décoration; car, alors que les premiers nous prouvent que Lorenzo
Léon Bruno, sous la direction de Lorenzo Costa, avait décoré la
J. Le document est cité par Luigi Coddé. Prandi l'avait déjà cité; Carlo d’Arco
l'a repris dans sa Vie de Jules Romain. 11 est daté 1523, mais, nous le répétons, il
énumère des services rendus par Lorenzo Bruno à une époque antérieure à sa date.
— ... « Fredericus, etc., etc... Quocl officiis possumus in Laurentium Leon Brunum
consummatissimum, virtutis in pictura excellentem diu multumque cogitavimus...
Nam cum inscii non sumus eum de bene nobis benemeritum esse, et cum intueamur
cjus opéra præclara, et admiratione cligna, quœ in sacellis, et cameris noslrœ
arcis pinxit ».