200
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Cadipli, Coronelli, et l’abbé Salandri, nos devanciers, ont ressenti
cette même impression.
Ceci dit, la critique ne peut s’exercer sur les œuvres de la chapelle
telles qu’elles sont aujourd’hui; ce sont des peintures froides, sans
caractère, encore qu’il y ait quelque grandeur dans les lignes; mais
le style est altéré. Il nous suffira de prouver que, dès 1531, la trace
du passage de Léon Bruno, attestée, comme on l’a vu, par le prince
Frédéric II lui-même, a été effacée par Jules Romain : en effet, le
dix décembre de cette année, ce dernier a signé l’ordre de payer les
artistes inférieurs qui exécutent les peintures nouvelles sous Zoan
Battista de Bertani, peintre, architecte et sculpteur1, et le pauvre
Léon Bruno va quitter sa patrie, où (dit-il dans une lettre adressée
au secrétaire du fils de son protecteur qui lui avait continué sa
confiance) il aimerait mieux vivre avec un écu par mois qu’avec
quatre autre part : « lo credo che saro consolato cou bona provisione
con el Sign. Duca di Milano, da poi che la fortuna mia non vole
che possa aver bene in la patria mia : in la quale più volontieri
staria con uno scudo al mese che con quattro fora délia patria. »
Après avoir lu ces documents, nous n’aurons plus à nous
étonner si toutes les parties de l’annexe portent le caractère, soit de
Jules Romain, soit du Primatice ou de l’école de chacun d’eux.
Revenu sur nos pas par la seule issue qu’offrent les trois petites
pièces que nous venons de visiter, nous rentrons dans le salon qui
donne accès à la Loggia. C’est la Caméra oscura, comme disent les
documents, elle est ainsi nommée parce que. enfermée entre le
Studiolo et la Loggia elle ne reçoit qu’un jour douteux pris sur les
fossés; elle n’offre d’autre décoration qu’un écusson des Gonzague
dans le goût du xvie siècle, peint sur une muraille.Une lettre d’Isabelle
nous indique que les murs étaient tendus d'Arazzi, de « Verdure ».
1. Ordre de paiement du El décembre 1531, pour les travaux exécutés d'octobre
à décembre de la même année dans le Castello. — Peintures de l'Oratoire
et de la Loggia, à l'ordre de Giovanni Battista de Bertani. — « Magnifieo
signore Tcsauriere generale dall’ Illmo S. D. N. facia pagamento a M° Zoan Battista
de Bertani depintore, clic ano facto e ajutali ali infraseritti depintori in la faciata
de la fabrica nova sopra à la Lozeta che guarda sopra al zardino nova e in uno
oratorio in Castello hapreso alla camara schura, qucdlo hano fatti de piu sorti
figuri grandi epicholi. Gommcnzado adi p° de ottobre 1331 per tuto di 16 novb. 1331
de comisione del sp. Ms. Julio Romano, superiore generale de la fabriche dell' 111-
mo. S. D. nostro. »
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Cadipli, Coronelli, et l’abbé Salandri, nos devanciers, ont ressenti
cette même impression.
Ceci dit, la critique ne peut s’exercer sur les œuvres de la chapelle
telles qu’elles sont aujourd’hui; ce sont des peintures froides, sans
caractère, encore qu’il y ait quelque grandeur dans les lignes; mais
le style est altéré. Il nous suffira de prouver que, dès 1531, la trace
du passage de Léon Bruno, attestée, comme on l’a vu, par le prince
Frédéric II lui-même, a été effacée par Jules Romain : en effet, le
dix décembre de cette année, ce dernier a signé l’ordre de payer les
artistes inférieurs qui exécutent les peintures nouvelles sous Zoan
Battista de Bertani, peintre, architecte et sculpteur1, et le pauvre
Léon Bruno va quitter sa patrie, où (dit-il dans une lettre adressée
au secrétaire du fils de son protecteur qui lui avait continué sa
confiance) il aimerait mieux vivre avec un écu par mois qu’avec
quatre autre part : « lo credo che saro consolato cou bona provisione
con el Sign. Duca di Milano, da poi che la fortuna mia non vole
che possa aver bene in la patria mia : in la quale più volontieri
staria con uno scudo al mese che con quattro fora délia patria. »
Après avoir lu ces documents, nous n’aurons plus à nous
étonner si toutes les parties de l’annexe portent le caractère, soit de
Jules Romain, soit du Primatice ou de l’école de chacun d’eux.
Revenu sur nos pas par la seule issue qu’offrent les trois petites
pièces que nous venons de visiter, nous rentrons dans le salon qui
donne accès à la Loggia. C’est la Caméra oscura, comme disent les
documents, elle est ainsi nommée parce que. enfermée entre le
Studiolo et la Loggia elle ne reçoit qu’un jour douteux pris sur les
fossés; elle n’offre d’autre décoration qu’un écusson des Gonzague
dans le goût du xvie siècle, peint sur une muraille.Une lettre d’Isabelle
nous indique que les murs étaient tendus d'Arazzi, de « Verdure ».
1. Ordre de paiement du El décembre 1531, pour les travaux exécutés d'octobre
à décembre de la même année dans le Castello. — Peintures de l'Oratoire
et de la Loggia, à l'ordre de Giovanni Battista de Bertani. — « Magnifieo
signore Tcsauriere generale dall’ Illmo S. D. N. facia pagamento a M° Zoan Battista
de Bertani depintore, clic ano facto e ajutali ali infraseritti depintori in la faciata
de la fabrica nova sopra à la Lozeta che guarda sopra al zardino nova e in uno
oratorio in Castello hapreso alla camara schura, qucdlo hano fatti de piu sorti
figuri grandi epicholi. Gommcnzado adi p° de ottobre 1331 per tuto di 16 novb. 1331
de comisione del sp. Ms. Julio Romano, superiore generale de la fabriche dell' 111-
mo. S. D. nostro. »