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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
d’Euphronios1, recevant l’anneau d’Amphitrite. Athéna, qui l’assiste
dans cette même scène, s’y présente, comme ici, en long chiton plissé,
avec l’iiimation et l’égide, le casque en tète et la lance à la main; sa
tête qui s’incline, douce et souriante, indique quelle devait être, sur
le bas-relief, la pose et l’expression de la déesse.
D’autres plaques représentent les luttes de Thésée contre Péri-
phétès, Skiron, Kerkyon, les Amazones, le Minotaure, le taureau de
Marathon ; au lieu de la calme sérénité de cette scène religieuse, elles
nous offrent l’animation violente du combat2. Toutes, elles prêtent
aux mêmes rapprochements avec les vases peints ; que les adversaires
du héros y soient figurés sous la forme d’hommes vigoureux et beaux,
ou sous l’aspect de géants brutaux ; que ce soient des monstres ou des
animaux, ils ont tous leurs pareils dans la peinture sévère, en parti-
culier dans les œuvres d’Euphronios ou du même cycle. Cet admi-
rable taureau qui succombe, dont les genoux se plient et le mufle
touche la terre, avec sa croupe puissante et qui lutte encore, son œil
farouche, ses naseaux qui se dilatent, semble de part et d’autre
copié sur un même modèle : tout, jusqu’aux indications sèches de
l’anatomie, au rendu conventionnel des plissements des fanons,
jusqu’aux froncements du mufle, de la joue et du front, démontre
la communauté de tendances d’artistes contemporains et formés à la
même école 3.
Héraclès4 partage avec Thésée les métopes du Trésor, comme il
fera à Athènes cellesdu « Théséion », aune date plus récente; comme
il fait dans le même temps sur les représentations des vases peints ;
et, là encore, nous observons des ressemblances étonnantes de compo-
sition, de dessin, de style. Rien de plus frappant à cet égard que
les cinq tableaux qui composent la Géryonie 5 ; les trois groupes
de vaches et de bœufs qui représentent le troupeau de Géryon, le chien
Orthros renverse entre les jambes du héros ; le triple monstre, dont
un des corps succombe, tandis que les deux autres sont encore ani-
més à la lutte, reproduisent avec tant d’exactitude le décor d’une
coupe attique qu’on dirait que le peintre a groupé les métopes en
4. Monuments grecs, 1872, pi. 1.
2. Un spécimen de ces scènes mouvementées emprunté à la Gigantomachie a
été publié dans Y Illustration, numéro du 8 décembre 1894.
3. Mon. grecs, 1872, pi. II.
4. Delà série des travaux d’Hercule, la lutte du héros contre le lion de Némée
a été reproduite dans la Construction moderne, nü du 5 janvier 1895.
5. Klein, Euphronios, p. 54-55.
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d’Euphronios1, recevant l’anneau d’Amphitrite. Athéna, qui l’assiste
dans cette même scène, s’y présente, comme ici, en long chiton plissé,
avec l’iiimation et l’égide, le casque en tète et la lance à la main; sa
tête qui s’incline, douce et souriante, indique quelle devait être, sur
le bas-relief, la pose et l’expression de la déesse.
D’autres plaques représentent les luttes de Thésée contre Péri-
phétès, Skiron, Kerkyon, les Amazones, le Minotaure, le taureau de
Marathon ; au lieu de la calme sérénité de cette scène religieuse, elles
nous offrent l’animation violente du combat2. Toutes, elles prêtent
aux mêmes rapprochements avec les vases peints ; que les adversaires
du héros y soient figurés sous la forme d’hommes vigoureux et beaux,
ou sous l’aspect de géants brutaux ; que ce soient des monstres ou des
animaux, ils ont tous leurs pareils dans la peinture sévère, en parti-
culier dans les œuvres d’Euphronios ou du même cycle. Cet admi-
rable taureau qui succombe, dont les genoux se plient et le mufle
touche la terre, avec sa croupe puissante et qui lutte encore, son œil
farouche, ses naseaux qui se dilatent, semble de part et d’autre
copié sur un même modèle : tout, jusqu’aux indications sèches de
l’anatomie, au rendu conventionnel des plissements des fanons,
jusqu’aux froncements du mufle, de la joue et du front, démontre
la communauté de tendances d’artistes contemporains et formés à la
même école 3.
Héraclès4 partage avec Thésée les métopes du Trésor, comme il
fera à Athènes cellesdu « Théséion », aune date plus récente; comme
il fait dans le même temps sur les représentations des vases peints ;
et, là encore, nous observons des ressemblances étonnantes de compo-
sition, de dessin, de style. Rien de plus frappant à cet égard que
les cinq tableaux qui composent la Géryonie 5 ; les trois groupes
de vaches et de bœufs qui représentent le troupeau de Géryon, le chien
Orthros renverse entre les jambes du héros ; le triple monstre, dont
un des corps succombe, tandis que les deux autres sont encore ani-
més à la lutte, reproduisent avec tant d’exactitude le décor d’une
coupe attique qu’on dirait que le peintre a groupé les métopes en
4. Monuments grecs, 1872, pi. 1.
2. Un spécimen de ces scènes mouvementées emprunté à la Gigantomachie a
été publié dans Y Illustration, numéro du 8 décembre 1894.
3. Mon. grecs, 1872, pi. II.
4. Delà série des travaux d’Hercule, la lutte du héros contre le lion de Némée
a été reproduite dans la Construction moderne, nü du 5 janvier 1895.
5. Klein, Euphronios, p. 54-55.