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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
nous citons une Présentation de la Vierge au temple (n° 306, coll. de Windsor) et
la Prédication d'un saint1 (n° 321, au duc de Devonshire), excellents dessins véni-
tiens de l’époque, qui doivent, pour le moment, rester anonymes.
Élève de Gentile, si Ton en croit une inscription à demi effacée, est ce curieux
Bartolommeo Veneziano, dont on trouve des tableaux signés de 1505 à 15301 2 3. Sou-
vent il a représenté des femmes dans des costumes fantastiques, les cheveux épars
sur les épaules. La plus charmante d’entre elles (au Musée de Francfort) n’est
pas une inconnue pour nos lecteurs, qui en ont admiré une reproduction ici même A
A cette série s'ajoute la délicieuse petite Sainte Catherine (n° 8, Corporation Gall.
de Glasgow), dont une guirlande de lys entoure la tête pure, et qui nous regarde avec
tant de grâce. Moins agréable est une petite Vierge avec l’Enfant adoré par deux
anges (n° 11, à Mrs. R. H. Benson), mais qui, rapprochée de la précédente, est
évidemment de la même main; l’habitude de noyer dans l’ombre la moitié de la
joue gauche est caractéristique chez ce maître. De plus, le petit paysage qu’on
découvre par deux fenêtres, minutieusement exécuté, se retrouve sans changement
dans plusieurs de ses tableaux. A la National Gallery, de Bartolommeo, le portrait
du jeune Martinengo (n° 287), daté de 1530, d’une couleur chaude assez semblable
à celle de Bonifazio. L’Exposition a de Bartolommeo un portrait analogue (n° 30,
à M. G. Salting), où le dessin de l’œil surtout rappelle le Martinengo de la National
Gallery 4 5.
Parmi les élèves de Giovanni Bellini, Vincenzo Catena est représenté à l'Expo-
sition d’une manière remarquable; jamais on n’a pu étudier cet artiste aussi bien
qu'ici. Plusieurs tableaux sont de sa jeunesse : une Vierge avec deux saints et deux
donateurs (n° 46, à miss IL Hertz) et une Vierge au donateur 5 (n° 98, Corporation
Gall. de Liverpool), auxquelles il faut adjoindre une Vierge et deux saints (n° 123,
Corporation Gall. of Glasgow), attribuée à l’école de Giovanni Bellini, celle-ci cepen-
dant placée trop haut pour qu’on puisse porter un jugement décisif. Dans ces trois
tableaux, dont les deux premiers sont signés, se montre un artiste peu agréable : le
dessin des figures est pauvre, la coloration terne. Mais on relève déjà une qualité
très caractéristique: l’effort pour donner aux étoffes l’aspect du satin par le frisson-
nement de nombreux petits plis anguleux, obtenus au moyen de touches blanches.
Tandis que l’Enfant du dernier de ces trois tableaux se retrouve exactement dans
la Vierge adorée par le doge Loredano, de Catena, au Palais des doges, la Vierge avec
les deux donateurs répète un type de composition très souvent usité dans l’école de
Bellini. La Madone élève la main droite sur la tête du donateur,en touchant légère-
ment son front du bout des doigts; elle tient l’Enfant de la main gauche. Dans le
tableau de Catena, la composition est un peu modifiée ; ici, l’Enfant ne donne pas la
bénédiction, comme dans la plupart de ces tableaux, telle la Vierge bénissant un
1. Pliotogr. Braun, Chatswortb, n° 170. Ce dessin a été copié par Rembrandt. V. Jahrb.
d. k.preuss. Sammlùngen, t. XX (1894).
2. Morelli, Gai. de Munich, p. 221 et suiv.
3. Voir Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. V (189D, p. 349.
4. Le paysage d’un dessin de Bartolommeo, exposé sous le nom de Giovanni Bellini, à
l’Ambrosienne de Milan (Br. 280), se retrouve dans la Vierge de Bartolommeo, au Palais
ducal à Venise, où l’on voit aussi le petit berger du dessin.
5. Très parent de ce tableau est un dessin de l’Albertine de Vienne, Braun 124, qui
probablement est de la jeunesse de Catena.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
nous citons une Présentation de la Vierge au temple (n° 306, coll. de Windsor) et
la Prédication d'un saint1 (n° 321, au duc de Devonshire), excellents dessins véni-
tiens de l’époque, qui doivent, pour le moment, rester anonymes.
Élève de Gentile, si Ton en croit une inscription à demi effacée, est ce curieux
Bartolommeo Veneziano, dont on trouve des tableaux signés de 1505 à 15301 2 3. Sou-
vent il a représenté des femmes dans des costumes fantastiques, les cheveux épars
sur les épaules. La plus charmante d’entre elles (au Musée de Francfort) n’est
pas une inconnue pour nos lecteurs, qui en ont admiré une reproduction ici même A
A cette série s'ajoute la délicieuse petite Sainte Catherine (n° 8, Corporation Gall.
de Glasgow), dont une guirlande de lys entoure la tête pure, et qui nous regarde avec
tant de grâce. Moins agréable est une petite Vierge avec l’Enfant adoré par deux
anges (n° 11, à Mrs. R. H. Benson), mais qui, rapprochée de la précédente, est
évidemment de la même main; l’habitude de noyer dans l’ombre la moitié de la
joue gauche est caractéristique chez ce maître. De plus, le petit paysage qu’on
découvre par deux fenêtres, minutieusement exécuté, se retrouve sans changement
dans plusieurs de ses tableaux. A la National Gallery, de Bartolommeo, le portrait
du jeune Martinengo (n° 287), daté de 1530, d’une couleur chaude assez semblable
à celle de Bonifazio. L’Exposition a de Bartolommeo un portrait analogue (n° 30,
à M. G. Salting), où le dessin de l’œil surtout rappelle le Martinengo de la National
Gallery 4 5.
Parmi les élèves de Giovanni Bellini, Vincenzo Catena est représenté à l'Expo-
sition d’une manière remarquable; jamais on n’a pu étudier cet artiste aussi bien
qu'ici. Plusieurs tableaux sont de sa jeunesse : une Vierge avec deux saints et deux
donateurs (n° 46, à miss IL Hertz) et une Vierge au donateur 5 (n° 98, Corporation
Gall. de Liverpool), auxquelles il faut adjoindre une Vierge et deux saints (n° 123,
Corporation Gall. of Glasgow), attribuée à l’école de Giovanni Bellini, celle-ci cepen-
dant placée trop haut pour qu’on puisse porter un jugement décisif. Dans ces trois
tableaux, dont les deux premiers sont signés, se montre un artiste peu agréable : le
dessin des figures est pauvre, la coloration terne. Mais on relève déjà une qualité
très caractéristique: l’effort pour donner aux étoffes l’aspect du satin par le frisson-
nement de nombreux petits plis anguleux, obtenus au moyen de touches blanches.
Tandis que l’Enfant du dernier de ces trois tableaux se retrouve exactement dans
la Vierge adorée par le doge Loredano, de Catena, au Palais des doges, la Vierge avec
les deux donateurs répète un type de composition très souvent usité dans l’école de
Bellini. La Madone élève la main droite sur la tête du donateur,en touchant légère-
ment son front du bout des doigts; elle tient l’Enfant de la main gauche. Dans le
tableau de Catena, la composition est un peu modifiée ; ici, l’Enfant ne donne pas la
bénédiction, comme dans la plupart de ces tableaux, telle la Vierge bénissant un
1. Pliotogr. Braun, Chatswortb, n° 170. Ce dessin a été copié par Rembrandt. V. Jahrb.
d. k.preuss. Sammlùngen, t. XX (1894).
2. Morelli, Gai. de Munich, p. 221 et suiv.
3. Voir Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. V (189D, p. 349.
4. Le paysage d’un dessin de Bartolommeo, exposé sous le nom de Giovanni Bellini, à
l’Ambrosienne de Milan (Br. 280), se retrouve dans la Vierge de Bartolommeo, au Palais
ducal à Venise, où l’on voit aussi le petit berger du dessin.
5. Très parent de ce tableau est un dessin de l’Albertine de Vienne, Braun 124, qui
probablement est de la jeunesse de Catena.