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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 4
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Nolhac, Pierre de: La décoration de Versailles au XVIIIe siècle, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0281

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2G6

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

veaux. Sous la Révolution, sous Louis-Philippe, plus tard encore,
hélas! on a modifié, mutilé, brûlé, saccagé et restauré.

Mais le trésor était inépuisable; tel qu’il est, après tant de
désastres et tant d’assauts du vandalisme, on n’en trouverait l’équi-
valent sur aucun point de notre pays.

Pour que Versailles remplit entièrement son rôle de musée d’art
décoratif, il faudrait deux choses. D’abord, qu’il fût meublé avec un
goût différent de celui qui a présidé à son aménagement sous Louis-
Philippe, et suivant le principe très simple qui consiste à ne point
mettre, par exemple, dans des pièces Louis XV des chaises Empire et
des appliques Restauration. Cette amélioration aurait des effets sur-
prenants. Il est peu de palais au monde où le mobilier et la décoration
soient aussi bien faits pour se faire valoir réciproquement. On consti-
tuerait, avec fort peu de ressources d’ameublement, des ensembles
sobres et délicats, qui donneraient à certains salons, meublés par
ailleurs de tant et si grands souvenirs, un caractère évocateur
très puissant.

Ainsi grandirait cette joie de l’œil et de l’esprit qu’un « musée »
doit toujours offrir au visiteur. Pour son instruction, celui-ci
devrait rencontrer autre chose; il pourrait exiger un classement
méthodique et critique des objets exposés. Les objets exposés, dans
l’espèce, ce sont les motifs de décoration, les bronzes, les boiseries.
Il faudrait que Versailles présentât au curieux qui interroge ses
magnifiques débris, un tableau, autant que possible chronologique,
des développements et des modifications du goût français pendant les
siècles où ce goût déploya tant d’activité et exerça au dehors tant d’in-
fluence. L’idéal serait de pouvoir dire : tel objet, tel panneau est de
tel artiste; la pièce où il figure servait à tel usage, et voici la date
de l’exécution.

On peut répondre ainsi pour quelques œuvres. Les Comptes des
bâtiments du Roi, que publie avec tant de mérite M. Guiffrey pour la
période Louis XIV, ont permis ou permettront la solution de plus
d’un problème. Mais le Versailles que nous avons sous les yeux n’est
plus celui de Louis XIV, il s’en faut même de beaucoup. Hors la Galerie
de Lebrun, certains morceaux de la Chapelle, l’Escalier de marbre,
les grands appartements du Roi et quelques parties de ceux de la
Reine, tout ce qui reste d’ancien à l’intérieur du Château est pos-
térieur à la mort du Grand Roi. Le salon d’Hercule tout entier est de
construction Louis XV ; la chambre de la Reine elle-même a été
 
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