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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 4
DOI article:
Nolhac, Pierre de: La décoration de Versailles au XVIIIe siècle, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0290

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LA DÉCORATION DE VERSAILLES AU XV1IU SIÈCLE. 275

cheminée, et dont le troisième, un peu moins large, y fait face. Ces
panneaux, dont deux sont ici gravés, ont un caractère conforme à la
destination delà pièce et en soulignent, pour ainsi dire, l'usage prin-
cipal. Des doubles coquilles d’or, qui le surmontent, descendent, avec
des guirlandes de fleurs, un trophée à la romaine (faisceau, casque et
bouclier) entouré de lauriers, auquel est suspendu un médaillon central
encadré de branches d’olivier. Ce motif central rappelle, dans un des
panneaux, le travail du Roi en temps de paix : un Génie enfant, nu
et debout, sous un portique, tient une balance; à ses pieds sont assis
deux Génies semblables, l’un retenant un chien sous son bras droit,
l’autre portant un livre et un miroir, tandis qu’à leurs pieds se tord
un petit serpent. Faut-il voir ici les symboles de la fidélité et de la
sincérité, que le Roi a besoin de rencontrer toujours parmi les con-
seillers qui l’entourent? Le second médaillon représente la guerre;
sous une tente, dressée devant un rempart, un Génie debout semble
méditer ; les deux génies qui l’accompagnent sont assis, l’un sur une
pile de livres (de stratégie ou d’histoire, peut-on supposer), l’autre
sur un affût de canon. Le troisième médaillon, soutenu par un trophée
maritime, présente quatre petits Génies nus, jouant parmi des attri-
buts marins, une ancre, un aviron, un gouvernail, une voile, tandis
qu’un vaisseau à deux mâts passe dans le fond, les voiles gonflées ;
l’importance de la marine à cette date dans les conseils du Roi (ne
sommes-nous pas à la veille de la guerre avec l’Angleterre?) a été ingé-
nieusement mise en relief par la sculpture. Quatre panneaux moins
larges et quatre du même dessin, mais plus étroits encore, contiennent,
dans leur médaillon central, la main de justice et le sceptre fleurdelisé
réunis par une couronne; les trophées guerriers qui surmontent le
motif sont formés de drapeaux, trompettes, tambours, canons, tonnes
à boulets, etc. Huit autres petits panneaux enlacent au centre deux
tiges d’olivier presque dépouillées de feuillage, qui montent paral-
lèlement et soutiennent un globe terrestre, sur lequel est appuyée
une lyre, où réparait le soleil de Louis XIY et d’Apollon. C’est le
seul rappel des arts dans cette décoration exclusivement politique,
dont l’imagination du sculpteur a sauvé l’aridité.

Le chiffre royal, les deux L enlacés, figure sept fois dans la
pièce, sur les baies des portes vraies ou feintes en carreaux de glaces,
dans la voussure des fenêtres et sur la porte de la petite chambre à
coucher. L’écusson de France surmonte les deux grands trumeaux
de glace, entre deux cornes d’abondance. Enfin, la fleur de lis est
aux quatre angles de la frise, qui présente des compartiments
 
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