LES FAÏENCES DE SAINT - PORC II AIRE.
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faïences usuelles et courantes que l’atelier n’a cessé de fabriquer sur
une grande échelle.
Saint-Porchaire a fait de la poterie dès le xve siècle, et probable-
ment de temps immémorial. Sous François Ier, un artiste ingénieux a
eu l’idée d’appliquer à la poterie fine le procédé d’incrustation depuis
longtemps en usage dans la fabrique des carreaux de pavement. Em-
ployant « des matrices de bois ou de métal gravé l 2, il les comprimait
dans la pâte encore fraîche, et procédait successivement et par parties,
ce qui explique la défectuosité des raccords. Les filets étaient tracés
à la molette. L’artiste remplissait les creux produits par l’estampage,
avec de la terre teintée et arasait les bavures. Puis, il fixait à la
barbotine les reliefs et les appliques qu’il avait modelés et estampés
d’avance 2 ».
La première période, qui correspond environ au premier quart du
xvP siècle, conserve encore les types archaïques, sévères et semi-
orientaux du moyen âge. Peu ou point d’ornements rapportés;
incrustations monochromes et généralement foncées; décoration par
zones. « C’est l’art de terre par excellence qui se suffit à lui-
même, comme chez les Grecs; créant pour sa poterie des formes
spéciales adaptées à la nature de l’argile, empruntant sa technique
aux seules ressources du potier, et décorant sa terre avec la même
terre colorée 3. »
La seconde période est architecturale. L’artiste construit ses poteries
et fait des monuments en miniature avec fenêtrages, façades, colon-
nettes, cariatides, etc. Fonds niellés imitant les pavements de carre-
lages. Incrustations brunes, jaunes et rouges d’oeillet ; quelques
touches d’émail.
La troisième période, contemporaine de Henri II, abandonne entiè-
rement les formes céramiques pures et cherche'à imiter les belles
pièces d’orfèvrerie à la mode; on dirait que le potier de Saint-Por-
chaire veut faire concurrence à l’émailleur de Limoges. Le trait
distinctif de cette période est l’entrelacs à ruban uni ou liséré d’un
1. Nous avons déjà signalé (Catalogue Spitzer, Les Faïences de Saint-Porchaire)
que la marque du pélican qui se trouve sur certaines pièces —■ le biberon Spitzer
entre autres et l une des salières du Louvre — est le décalque de la marque
célèbre des frères de Marnef, imprimeurs fixés à Poitiers dès le commencement du
xvie siècle. La salière et le biberon ont-ils été faits pour les Marnef? L’imprimeur
et le potier avaient-ils quelques relations l’un avec l’autre? Nous ne saurions le dire.
2. Catalogue Spitzer, Les Faïences de Saint-Porchaire, préface.
3. Id., ibid.
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faïences usuelles et courantes que l’atelier n’a cessé de fabriquer sur
une grande échelle.
Saint-Porchaire a fait de la poterie dès le xve siècle, et probable-
ment de temps immémorial. Sous François Ier, un artiste ingénieux a
eu l’idée d’appliquer à la poterie fine le procédé d’incrustation depuis
longtemps en usage dans la fabrique des carreaux de pavement. Em-
ployant « des matrices de bois ou de métal gravé l 2, il les comprimait
dans la pâte encore fraîche, et procédait successivement et par parties,
ce qui explique la défectuosité des raccords. Les filets étaient tracés
à la molette. L’artiste remplissait les creux produits par l’estampage,
avec de la terre teintée et arasait les bavures. Puis, il fixait à la
barbotine les reliefs et les appliques qu’il avait modelés et estampés
d’avance 2 ».
La première période, qui correspond environ au premier quart du
xvP siècle, conserve encore les types archaïques, sévères et semi-
orientaux du moyen âge. Peu ou point d’ornements rapportés;
incrustations monochromes et généralement foncées; décoration par
zones. « C’est l’art de terre par excellence qui se suffit à lui-
même, comme chez les Grecs; créant pour sa poterie des formes
spéciales adaptées à la nature de l’argile, empruntant sa technique
aux seules ressources du potier, et décorant sa terre avec la même
terre colorée 3. »
La seconde période est architecturale. L’artiste construit ses poteries
et fait des monuments en miniature avec fenêtrages, façades, colon-
nettes, cariatides, etc. Fonds niellés imitant les pavements de carre-
lages. Incrustations brunes, jaunes et rouges d’oeillet ; quelques
touches d’émail.
La troisième période, contemporaine de Henri II, abandonne entiè-
rement les formes céramiques pures et cherche'à imiter les belles
pièces d’orfèvrerie à la mode; on dirait que le potier de Saint-Por-
chaire veut faire concurrence à l’émailleur de Limoges. Le trait
distinctif de cette période est l’entrelacs à ruban uni ou liséré d’un
1. Nous avons déjà signalé (Catalogue Spitzer, Les Faïences de Saint-Porchaire)
que la marque du pélican qui se trouve sur certaines pièces —■ le biberon Spitzer
entre autres et l une des salières du Louvre — est le décalque de la marque
célèbre des frères de Marnef, imprimeurs fixés à Poitiers dès le commencement du
xvie siècle. La salière et le biberon ont-ils été faits pour les Marnef? L’imprimeur
et le potier avaient-ils quelques relations l’un avec l’autre? Nous ne saurions le dire.
2. Catalogue Spitzer, Les Faïences de Saint-Porchaire, préface.
3. Id., ibid.