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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
saints de la fin du xe siècle, qui ornent deux icônes du monastère
de Khopi, ou cette croix de l’égdise de Martvili, monument de l’art
byzantin du xe siècle, que M. KondakofF déclare unique en son
genre, ou ce nimbe encore, d’un travail si fin et si charmant, qui
encadre à Ghélat une figure du Sauveur, et bien d’autres monuments
qu’on trouvera reproduits par les soins de M. de Zwénigorodskoï,
et qu’il était grand temps de sauver de la ruine dont les menace
chaque jour l’incurie de leurs propriétaires actuels.
C’est de la Géorgie précisément que proviennent les émaux les
plus précieux de la collection Zwénigorodskoï. On sait par des témoi-
gnages assez nombreux que les Byzantins avaient l’habitude d’orner
les saintes icônes de médaillons circulaires et de plaques carrées en
émail, posées de place en place -sur le cadre en métal de l’image;
telle fut aussi la destination première des douze admirables médail-
lons émaillés que possède M. de Zwénigorodskoï, et qui représentent
le Christ, la Vierge, des saints et des apôtres. Ils formaient, parait-il,
la parure d’une grande icône de l’archange Gabriel, conservée au
monastère de Bjoumati, dans la Géorgie orthodoxe; détachés, par un
sort assez commun, du cadre où ils étaient primitivement fixés, dis-
persés en tous sens, ils ont eu la bonne fortune d’être presque tous
recueillis par M. de Zwénigorodskoï. Or, par la date, ces ouvrages
appartiennent à la meilleure période de l’émaillerie byzantine, à la
première moitié du xie siècle; par leur admirable conservation, ils
méritent de prendre place immédiatement à côté du célèbre reliquaire
de Limbourg, ce chef-d’œuvre de l’art byzantin; ils ne sont pas moins
remarquables par l’extraordinaire finesse de la technique, par la
riche harmonie des couleurs, par les curieux et instructifs détails
que fournissent sur les procédés de l’émailleur les revers de ces
médaillons, où l’artiste a tracé au pointillé comme une première
esquisse de ses figures; ils valent surtout par la perfection des types
iconographiques, par la manière expressive dont sont traités les
visages, par les signes caractéristiques dont sont marqués les person-
nages. C’est dire toute l’importance qu’ont de telles œuvres pour
l’histoire de l’art byzantin. Je n’ai pas ici à suivre M. Ivondakoff dans
les études si minutieuses et si savantes qu’il a consacrées à chacun
de ces petits monuments; j’aime mieux signaler, dans la collection
Zwénigorodskoï, des pièces d’une valeur artistique supérieure encore
et d’une plus rare curiosité, je veux dire ces nimbes émaillés qui sont
des merveilles d’ornementation originale et délicate, de véritables
chefs-d’œuvre d’orfèvrerie polychrome, dignes d’inspirer nos joai!-
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
saints de la fin du xe siècle, qui ornent deux icônes du monastère
de Khopi, ou cette croix de l’égdise de Martvili, monument de l’art
byzantin du xe siècle, que M. KondakofF déclare unique en son
genre, ou ce nimbe encore, d’un travail si fin et si charmant, qui
encadre à Ghélat une figure du Sauveur, et bien d’autres monuments
qu’on trouvera reproduits par les soins de M. de Zwénigorodskoï,
et qu’il était grand temps de sauver de la ruine dont les menace
chaque jour l’incurie de leurs propriétaires actuels.
C’est de la Géorgie précisément que proviennent les émaux les
plus précieux de la collection Zwénigorodskoï. On sait par des témoi-
gnages assez nombreux que les Byzantins avaient l’habitude d’orner
les saintes icônes de médaillons circulaires et de plaques carrées en
émail, posées de place en place -sur le cadre en métal de l’image;
telle fut aussi la destination première des douze admirables médail-
lons émaillés que possède M. de Zwénigorodskoï, et qui représentent
le Christ, la Vierge, des saints et des apôtres. Ils formaient, parait-il,
la parure d’une grande icône de l’archange Gabriel, conservée au
monastère de Bjoumati, dans la Géorgie orthodoxe; détachés, par un
sort assez commun, du cadre où ils étaient primitivement fixés, dis-
persés en tous sens, ils ont eu la bonne fortune d’être presque tous
recueillis par M. de Zwénigorodskoï. Or, par la date, ces ouvrages
appartiennent à la meilleure période de l’émaillerie byzantine, à la
première moitié du xie siècle; par leur admirable conservation, ils
méritent de prendre place immédiatement à côté du célèbre reliquaire
de Limbourg, ce chef-d’œuvre de l’art byzantin; ils ne sont pas moins
remarquables par l’extraordinaire finesse de la technique, par la
riche harmonie des couleurs, par les curieux et instructifs détails
que fournissent sur les procédés de l’émailleur les revers de ces
médaillons, où l’artiste a tracé au pointillé comme une première
esquisse de ses figures; ils valent surtout par la perfection des types
iconographiques, par la manière expressive dont sont traités les
visages, par les signes caractéristiques dont sont marqués les person-
nages. C’est dire toute l’importance qu’ont de telles œuvres pour
l’histoire de l’art byzantin. Je n’ai pas ici à suivre M. Ivondakoff dans
les études si minutieuses et si savantes qu’il a consacrées à chacun
de ces petits monuments; j’aime mieux signaler, dans la collection
Zwénigorodskoï, des pièces d’une valeur artistique supérieure encore
et d’une plus rare curiosité, je veux dire ces nimbes émaillés qui sont
des merveilles d’ornementation originale et délicate, de véritables
chefs-d’œuvre d’orfèvrerie polychrome, dignes d’inspirer nos joai!-