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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Seulement, ce portrait n’est pas au Prado ni dans aucune résidence
royale. Si invraisemblable qu’il soit qu’un souvenir de cette impor-
tance ait pu disparaître sans que personne en fît mention, il faut
bien se résigner à l’admettre : d’une part, le tableau n’est point cité
dans l’inventaire des pertes causées par les incendies; d’autre part,
on ne saurait l’identifier ni avec le Jeune prince de la maison de
France peint par le même Mignard1, ni avec aucun des portraits
du Grand Roi classés parmi les anonymes1 2. Seuls les n03 2031 et 2032,
qui représentent « Louis XIV jeune », correspondraient à peu près
aux données de la chronologie; mais ils sont judicieusement attri-
bués à Nocret et proviennent d’ailleurs de la collection de Philippe Y.
D’autres portraits de famille ont dû être échangés entre les deux
cours à cette époque, mais les renseignements positifs n’autorisent
aucune précision : le Louis XIV, de Philippe de Champagne, qu’on
voit au Prado, y est entré sous Philippe Y ; l’hypothèse ne pourrait
donc porter que sur Y Anne d'Autriche et sur la Marie de Médicis%
de Beaubrun (1972-1971).
Aux suites de ce mariage, on doit sans doute rapporter les envois
faits, quelques années plus tard, des portraits représentant le jeune
couple royal et l’enfant récemment né, dont l’aïeul désirait connaître
les traits : ainsi s’expliquent les deux portraits du dauphin, signés
en grosses lettres Beaubruns fecerunt, 1663, les deux portraits de
Marie-Thérèse par Mignard, ici seule, là avec son fils sur les bras,
et quelques anonymes dont le plus important est celui qui représente
ensemble Louis XIY, la reine et le petit prince (n° 2102).
Enfin, en 1079, Mademoiselle, fille du duc d’Orléans, épouse
Charles IL Elle prit certainementquelques portraits avec elle, au moins
le sien propre, par les Beaubrun (n° 1969) et celui de son père, par
Nocret (n°2030). A quoi l’on peut ajouter qu’en 1678, ce même ducd’Or-
1. N° 2021. Ce prince est beaucoup plus jeune que ne l'était Louis XIY en 1639
(vingt et un ans), et ses traits ne semblent pas correspondre avec ceux de l’icono-
graphie officielle.
2. Deux de ces portraits (nos 2103 et 2111, /. I.) représentent Louis XIY enfant,
le premier vêtu de blanc avec le cordon du Saint-Esprit, le second vêtu de bleu
avec l’écharpe blanche. Deux autres sont postérieurs à son mariage. Dans l’un
(n° 210), le roi figure avec Marie-Thérèse et leur fils; l’autre (n1 2111 j.) accuse
chez le modèle un certain âge et fait pendant à un portrait du grand dauphin,
père de Philippe V.
3. Tableau daté de 1633 (exécuté dix ans après la mort du modèle, d’après
un autre portrait) et probablement expédié à Madrid à l’occasion de ce ma-
riage.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Seulement, ce portrait n’est pas au Prado ni dans aucune résidence
royale. Si invraisemblable qu’il soit qu’un souvenir de cette impor-
tance ait pu disparaître sans que personne en fît mention, il faut
bien se résigner à l’admettre : d’une part, le tableau n’est point cité
dans l’inventaire des pertes causées par les incendies; d’autre part,
on ne saurait l’identifier ni avec le Jeune prince de la maison de
France peint par le même Mignard1, ni avec aucun des portraits
du Grand Roi classés parmi les anonymes1 2. Seuls les n03 2031 et 2032,
qui représentent « Louis XIV jeune », correspondraient à peu près
aux données de la chronologie; mais ils sont judicieusement attri-
bués à Nocret et proviennent d’ailleurs de la collection de Philippe Y.
D’autres portraits de famille ont dû être échangés entre les deux
cours à cette époque, mais les renseignements positifs n’autorisent
aucune précision : le Louis XIV, de Philippe de Champagne, qu’on
voit au Prado, y est entré sous Philippe Y ; l’hypothèse ne pourrait
donc porter que sur Y Anne d'Autriche et sur la Marie de Médicis%
de Beaubrun (1972-1971).
Aux suites de ce mariage, on doit sans doute rapporter les envois
faits, quelques années plus tard, des portraits représentant le jeune
couple royal et l’enfant récemment né, dont l’aïeul désirait connaître
les traits : ainsi s’expliquent les deux portraits du dauphin, signés
en grosses lettres Beaubruns fecerunt, 1663, les deux portraits de
Marie-Thérèse par Mignard, ici seule, là avec son fils sur les bras,
et quelques anonymes dont le plus important est celui qui représente
ensemble Louis XIY, la reine et le petit prince (n° 2102).
Enfin, en 1079, Mademoiselle, fille du duc d’Orléans, épouse
Charles IL Elle prit certainementquelques portraits avec elle, au moins
le sien propre, par les Beaubrun (n° 1969) et celui de son père, par
Nocret (n°2030). A quoi l’on peut ajouter qu’en 1678, ce même ducd’Or-
1. N° 2021. Ce prince est beaucoup plus jeune que ne l'était Louis XIY en 1639
(vingt et un ans), et ses traits ne semblent pas correspondre avec ceux de l’icono-
graphie officielle.
2. Deux de ces portraits (nos 2103 et 2111, /. I.) représentent Louis XIY enfant,
le premier vêtu de blanc avec le cordon du Saint-Esprit, le second vêtu de bleu
avec l’écharpe blanche. Deux autres sont postérieurs à son mariage. Dans l’un
(n° 210), le roi figure avec Marie-Thérèse et leur fils; l’autre (n1 2111 j.) accuse
chez le modèle un certain âge et fait pendant à un portrait du grand dauphin,
père de Philippe V.
3. Tableau daté de 1633 (exécuté dix ans après la mort du modèle, d’après
un autre portrait) et probablement expédié à Madrid à l’occasion de ce ma-
riage.