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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 4
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Mély, Fernand de: Questions d'art: à propos de l'exposition des arts réligieux à Lyon
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0337

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320

QUESTIONS D'ART

ments indiscutables. L’ignorance du commencement du siècle, le
romantisme de 1830, épris d’un moyen âge tout factice, notre fin de
siècle les veut remplacer par la précision la plus minutieuse; le
naturalisme est l’exagération de ce désir en quelque sorte inconscient.

Et l’on s’étonne que dans une exposition les récompenses aillent
aux Tiffany? Ce n’est certes pas, comme on l’a écrit, parce qu’ils
montrent des millions de dollars dans leurs vitrines, mais parce qu’ils
ont eu une conception personnelle. Ils ont pillé les Japonais, dit-on.
C’est possible. Mais leur idée orientale, ils l’ont transformée, ils
l’ont faite occidentale. Pour nous la présenter, il leur faut des
métaux précieux; ils les emploient; faut-il leur en faire un reproche?
Ils leur sont nécessaires, si nécessaires, que ce sont deux Français,
qui, n’ayant pas chez eux les ressources indispensables pour mettre
au jour ces rêveries incroyables — pour nous autres Occidentaux
s’entend — dirigent actuellement l’atelier du maitre américain. Oui,
ces récompenses, elles iront aussi aux Gallé et à leurs fantaisies
nébuleuses, aux Thesmar et à leurs procédés renouvelés de Chosroès,
parce que devant leur fourneau, à leur établi, ils recréent quelque
idée. Ils veulent, avec l’art ancien, refaire un art nouveau, et ils ne
mettent pas sous nos yeux un Robert le Pieux et une Berthe de
Bourgogne interdits par des évêques en chasubles de la Renais-
sance, accompagnés d’acolytes en dalmatiques du xvme siècle, ils ne
nous représentent pas un saint Cuthbert du vme siècle, en orne-
ments du xvne siècle, ganté, mais avec les pieds nus, comme si le
sandales, tout comme les gants, ne faisaient pas partie intégrale des
pontificaux; bref, ils nous apportent quelque chose qui est neuf,
alors que les autres ne nous offrent que ce qui nous a été déjà si
souvent donné. Pour l’art religieux la tradition est nécessaire, indis-
pensable, mais ce n’est pas sur les anciens qu’il faut vivre, c’est
avec eux, comme M. Alma Tadema dans sa maison de Londres, et
je ne saurai mieux finir que par ce mot de M. Robert de La
Sizeranne: « Aujourd’hui, malheureusement, on enseigne l’habileté,
au lieu d'enseigner l'étude. » Pour mieux faire, nos artistes n’ont
donc qu’à vouloir.

F. DE MELY.
 
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