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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 4
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Homolle, Théophile: Découvertes de Delphes, 3, Les Apollons d'Argos, les trésors de Sicyone et de Siphnos, l'école argivo-sicyonienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0349

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DÉCOUVERTES DE DELPHES.

331

d’attribution hypothétique. Nous l’étudierons désormais, pièces en
mains; nous en pouvons aujourd’hui pénétrer l’esprit, définir le
caractère, suivre l’évolution. On voit assez de quelle conséquence est
cette découverte, et comme l’art du Péloponèse va désormais prendre
corps. Or, c’est l'un des plus anciens de la Grèce, l’un des plus origi-
naux, des plus fidèles à ses traditions ; il rayonne sur la Grande-
Grèce, il influence à un moment décisif celui même de l’Attique.

En comparant, —et ainsi nous serons ramenés aux œuvres que nous
avons étudiées au début de cet article, dont nous resserrerons les
parties en une plus ferme unité, — en comparant le faire précieux et
précis des métopes à la manière soignée mais plus large de la frise,
l’élégance un peu sèche et maigre des formes attiques à la rondeur
robuste et même un peu lourde du dessin argien, on comprendra sans
peine quelles qualités Phidias allait chercher dans l’atelier d’Agé-
ladas, et comment, ajoutant à la finesse attique l’ampleur qui avait
manqué aux maîtres de l’archaïsme, il a pu réaliser cet idéal de
grandeur pondérée et de beauté souveraine, qui est pour nous la
perfection même de l'art antique.

Certes, aucune trouvaille ne vaudra jamais une seule statue de
ce maître; l’acquisition d’un chef-d’œuvre est pour l’esprit un bien-
fait. Et pourtant Phistoire de l’art eût-elle autant profité de la
découverte du Miltiade ou de l’Athéna de Phidias que des nôtres,
tout inférieures qu’elles puissent être, et ne reprenons-nous pas
à cet égard un certain avantage par l'abondance et la nouveauté des
informations précises que nous apportons aux archéologues sur une
époque imparfaitement connue? Je souhaiterais cependant, je l’avoue,
pour les sculptures que j’ai présentées aux lecteurs de la Gazette, un
succès moins sévère et moins strictement archéologique ; je voudrais
qu’avec leur valeur documentaire, on leur reconnût aussi quelque
beauté, une beauté encore enveloppée et qui n’est pas toute dégagée
des gaucheries de l’âge ingrat, mais saine, vive et pleine de promesses.
Le charmede l’archaïsme a quelque chose de discret et de mystérieux,
d’inachevé, mais d’exquis ; c’est comme la grâce d’une fleur entr’ou-
verte, qui garde encore enclos mais intacts son éclat et son parfum.

TH. HOMOLLE.
 
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