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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 5
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Gronau, Georg: L' art venitien à Londres, à propos de l'exposition de la New Gallery, 3: [correspondance d'Angleterre]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0453

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CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE.

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plus tôt. D’autre part, nous notons une ressemblance frappante entre l’homme au
faucon et le duc d’Urbino, Francesco Maria délia Rovere (1337), des Offices. La structure
de la tète est la même, surtout dans ce nez d’aigle si caractéristique; toutefois, dans
le portrait du duc, le front est plus haut, les cheveux étant devenus plus rares.

Peu de temps après 1520, Titien, en peintre officiel de la République, exécuta
les portraits des doges Antonio Grimani et Andrea Gritti, dont on voit des répliques
à l’Exposition. Antonio Grimani est représenté vêtu d'une robe d’hermine, derrière
une table sur laquelle il appuie sa main tenant un mouchoir (n° 124, à Mme qe
Rosenberg). Tête ridée, petits yeux pinces dont le regard froisse le spectateur; la
forme de la bouche trahit l’absence des dents. Le rouge est la couleur dominante :
rouge, le rideau qui sert de fond à la tête du vieillard; rouge, la robe qu'on
entrevoit sous la fourrure; et rouge enfin le tapis oriental qui couvre la table.
Certaines faiblesses nous font croire que cet Antonio Grimani n’est qu'une très
bonne copie du temps, aussi bien que l’Andrea Gritti (n° 248, au Capt. G.-L. Hol-
ford), qui, du reste, a beaucoup souffert par des retouches.

Dans tous les tableaux de la troisième décade du xvic siècle, nous trouvons un
faire beaucoup plus large, un coloris plus uni, avec cette note d’or qui caractérise la
période moyenne de Titien. Vers 1550, nous constatons les premiers indices d’une
tendance aux couleurs fondues et rompues par de larges touches de blanc à la
manière de Véronèse et du Tintoret. On les remarque déjà dans le portrait de Lavi-
nia avec le coffret (n° 152, au comte Cowper) qui autrefois ornait, avec tant d’autres
chefs-d’œuvre, la Galerie du Palais Royal1 2. Titien, on le sait, a représenté plusieurs
fois sa tille bien-aimée en jeune mariée et en femme mûre (Galerie de Dresde),
en Salomé (Madrid), peut-être même en Vénus (Offices, n° 1108). Le portrait le plus
connu est celui du Musée de Berlin, où elle porte de ses deux mains tendues un
plat de fruits. Le tableau de l’Exposition n’en est qu’une faible variante, faite dans
l’atelier du maître et dont quelques parties sont peut-être de sa main.

On connaît les relations étroites entre Charles-Quint et Titien. Non moins que
son père, Philippe II comblait le maître de commandes. Contraste étrange : pour le
père, Titien traitait surtout des sujets saints, tandis que le fils préférait des scènes
mythologiques. C’est pour Philippe II que furent peints Vénus et Adonis, la Danaé-,
Diane et Actéon et Diane et Calisto. La National Gallery possède du premier
tableau une belle réplique qui est présentée à tort comme l’original (n° 34)3.

On trouve les qualités de cette'époque, très saillantes, dans les deux tableaux de
Diane et Actéon et de Diane et Calisto, qui, après avoir passé d’Espagne en Angle-
terre, puis en France pour revenir en Angleterre4, ornent maintenant la Galerie de
Bridgewater House. On y relève aussi une tendance accentuée à produire des effets de
colorations sans l’emploi de tons foncés. Le premier nous est rappelé par une
spirituelle petite esquisse (n° 192, au comte de Yarborough) qui rend bien l’original,
si bien même qu’on ne peut l’accepter comme l’esquisse du maître pour son

1. Gravé par François Guibert.

2. Titien avait déjà, à Rome,fait une Danaé pour Ottavio Farnese (Musée de Naples).
Le même sujet avec variantes Madrid, à Pétersbourg, à Vienne. La New Gallery offre
de la Danaé de Vienne une copie sans grand intérêt (n° 242, à feu M. Murkcrow).

3. Crowe et Gavalcaselle, l. c., II, p. 239, soupçonnent la collaboration de Schiavone.

4. Crowe et Gavalcaselle, II, p 283.
 
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