Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Gronau, Georg: L' art venitien à Londres, à propos de l'exposition de la New Gallery, 3: [correspondance d'Angleterre]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0460

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
438

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Giovanni Busi, connu sous le nom de Cariani, se range entre les élèves de
Palma Vecchio; mais il a, comme la plupart des artistes vénitiens, une époque
giorgionesque : beaucoup de ses tableaux portaient et portent encore le nom de
Giorgione, quoiqu’il n’arrive jamais à la finesse et à la grâce de celui-ci. Quelquefois
il donne à ses portraits la note élégiaque du maître de Castelfranco ; tel est un
homme vêtu de noir, plongé dans une rêverie profonde, d’une allure contemplative,
qui contraste avec le geste énergique de la main droite saisissant la large poignée
d’une épée (n° 230, à Mrs. R.-H. Benson). Cariani est plus lui-même dans une autre
figure d'homme se tournant vivement vers le spectateur, en avant d’un fond
d’architecture (n° 27, au Capt. Ilolford), et surtout dans le Portrait d’un patricien
(n° 144, à M. G. Salting), dont la face rouge se détache en vigueur sur un riche
costume de brocart jaune; un rideau vert couvre le fond, en laissant voir un
paysage de collines sous un ciel verdâtre et rose qui indique l’heure du coucher du
soleil ; portrait d’un effet très impressionnant, bien qu’atteint par des moyens un peu
vulgaires. Aujourd’hui on attribue généralement à Cariani le Saint Pierre martyr,
de la National G aller y (n° 41), qui, dans la galerie de la reine Christine de Suède
et dans celle du duc d’Orléans, était donné à Giorgione, quoique la composition
fougueuse et le faire large et rapide trahissent facilement le peintre berga-
masque.

Brescia se glorifie surtout de trois maîtres: Romanino, Moretto et Moroni.
Girolamo Romanino a créé quelquefois, grâce au coloris très chaud qui enveloppe
ses figures du charme le plus attrayant, des œuvres qui le placent parmi les
meilleurs représentants de l’art italien à cette époque. Ses deux maîtresses pages
sont les tableaux d'autel de San Francesco à Brescia et de la Galerie de Padoue.
Le grand tableau de la National Gallery (n°297), dont une Nativité forme le centre,
ne peut pas être mis à la hauteur de ces chefs-d’œuvre : seul le saint Alexandre
armé, à gauche, donne une idée juste de cet éclat de couleurs que l’artiste a su
répandre sur certaine de ses toiles. Tout à fait différent, mais de hautes qualités
picturales, est le tableau des Amoureux ci l’Exposition (n°31, à Mrs. R.-H. Benson) :
un homme, vu presque de profil, embrassant tendrement une femme, dont la tête
est à demi noyée dans l’ombre projetée par son amant, tandis que sa gorge en
partie découverte est baignée d'une pleine lumière L

Moretto se reconnaît facilement par ses tons argentins et par les larges tou-
ches jaunes de ses chairs. Lui aussi s’élève très haut dans quelques-uns de ses
tableaux, comme dans la Vierge de Païtone, la Sainte Justine de Vienne ; mais beau-
coup de ses tableaux d’autel, dont le sujet le plus ordinaire est la Vierge adorée
par des saints (deux à la National Gallery, nos 623 et 1165), nous laissent un peu
froids, malgré leurs qualités de coloris. Une Nativité de la Vierge à l’Exposition
(n° 58, au Cap. G.-L. Holford) est malheureusement trop poussée au noir pour
offrir un aspect satisfaisant. Provenant d’un grand tableau d’autel, quatre pan-
neaux (n‘,s 567 et 645, à Mlles Cohen) : deux anges, aux figures charmantes,
en adoration, et saint Joseph et saint Jérôme, tous réunis sur une balustrade 1

1. Une réplique de ce tableau, à la Galerie de Dresde, figurait autrefois àModônesous
le nom de Giorgione; une autre dans la collection Scarpa, à La Motta. — Une Vierge avec
deux donateurs (n° 9, à Mrs. R.-II. Benson), sans être une œuvre de Romanino, appartient
à l’école de Brescia.
 
Annotationen