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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 6
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Schéfer, Gaston: Les voyages en Italie: Stendhal, Emeric David, Théophile Gautier, Edmond et Julie de Goncourt
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0512

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486

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Français du xvme siècle. Les jugements de Stendhal rappellent donc,
d’une manière frappante, ceux de Montesquieu, du président de
Brosses, de l’abbé Gougenot, de Cochin. C’est toujours le divin
Raphaël et l’inimitable Michel-Ange. Mais l’admiration intime, le
cœur, est pour l’école de Bologne. Les Promenades dans Rome ne
laissent aucune illusion à cet égard. Partout, Annibal Carrache est
placé à côté de Raphaël : plus exactement, entre Raphaël et Michel-
Ange. Stendhal écrit, en parlant des mosaïques delà coupole de Saint-
Pierre : « Comme effet de peinture, tout ceci est mal arrangé ; il fallait
un homme de génie, un Corrège, un Michel-Ange, un Raphaël, un
Annibal Carrache, qui aurait osé inventer quelque chose. » Le
Guerchin participe à l’épithète de « sublime» ; pour mieux contempler
Y Aurore de la villa Ludovisi, Stendhal se couche sur le plancher, la
tête appuyée sur une chaise renversée. — Il est inutile de multiplier
les citations; il faudrait tout citer.

Les primitifs occupent une médiocre place dans les Promenades
dans Rome. Il est vrai que, dans P Histoire de lapeinlure en Italie, ils sont
mieux traités. Cimabue, Giotto, Gaddi, y sont mis à leur vrai rang
et le génie de Masaccio est proclamé sans réticences.

Mais toute cette partie, ainsi que l’étude sur Michel-Ange, et
la biographie de Léonard de Vinci, appartient à Vasari, Baldinucci,
Lanzi, etc. Stendhal 11e peut guère réclamer, comme son bien propre,
que les petits chapitres qui forment le reste de cet ouvrage si
curieux, notes et dissertations sur la sculpture antique, le beau
idéal, la littérature, Racine, Shakespeare, la politique et le théâtre,
tout cela très sincère, très fin, très original, d’une lecture qui
inspire d’autant plus de respect pour l’auteur qu’on partage moins
ses idées.

Mais pendant que Stendhal continuait, dans le xixe siècle, la glo-
rification de l’école bolonaise , des érudits profonds et modestes
commençaient, discrètement, la réhabilitation des primitifs. Les
artistes et les littérateurs en étaient encore au Guide et au Guerchin,
quand des archéologues et des historiens, examinant, sans pré-
jugés, les titres des peintres gothiques, alors si dédaignés, en éta-
blissaient la haute valeur. Erneric David, qui avait débuté dans la
critique d’art par un chef-d’œuvre : Recherches sur /’ art statuaire (1800),
travaillait à son admirable Histoire de la peinture au moyen âge. Nous
ne croyons pas qu’il existe un précis plus savant et plus lumineux
de l’histoire de la peinture depuis l’Antiquité jusqu’à la Renais-
sance. On y voit, avec la dernière évidence, cet art demeuré en
 
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