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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Nr. 2
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Humières, Robert d': L' Islam monumental dans l'Inde du Nord, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0164

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de lotus, occupant l’angle droit supérieur du rectangle où s’inscrit
toujours l’arc aigu de l’ogive sarrazine. Celle qui s’ouvre entre la
porte et la tombe épanouit un grillage de marbre ciselé au sommet
de son échancrure, et deux vantaux de marbre tournent au-dessous.
D’immenses guipures, toujours de marbre blanc, forment promenoir
autour de la chambre sépulcrale et, à l’extérieur, des supports
bizarement sculptés, sortes de mâchicoulis en forme de harpe, sou-
tiennent la pente de larges auvents. Blancheurs immaculées, où
l’ombre bleuâtre se dentèle, dont la substance cristalline ne paraît
point opaque, ne semble qu’attarder la lumière.

Trois portes percent l’enceinte de la mosquée. L’une, celle du
sud, ne rentrait pas dans le plan primitif; c’est véritablement un
arc de triomphe, destiné à célébrer les victoires de l’empereur dans
le Guzeratc. Cette masse de quarante-cinq mètres de hauteur, l’arche
centrale ouvrant sur un demi-dôme, les quatre minarets aux quatre
coins du trapèze qui en forme le plan, les larges degrés qui accèdent à
l’entrée, la déclivité du terrain continuant la pente des marches,
font de cette porte un monument inégalé dans son genre. Contemplée
d’en bas, à la lisière du village dont les masures humiliées se
tassent au pied du coteau, l’effet est sublime. Il réside dans la dispro-
portion même de celte masse titanique à son entourage, dans Je
jaillissement orgueilleux de ce dais de pierre dont les minarets
semblent les lances de soutien qui jadis, dans le steppe natal, por-
taient les peaux de bêtes ou les tapis bigarrés au-dessus du conqué-
rant en arroi. Je ne sais qu’un autre monument où les verticales
atteignent à ce degré de magnificence, la cathédrale de Beauvais.
C’est le même Hosannah in excelsis ! Du reste, l’épigraphe musul-
mane, avec un lyrisme si juste, s’écrie : « Son mihrab est comme le
matin au grand front, ses pinacles comme la Aroie lactée, sa porte
clame haut... » Merveilleuse trouvaille, traduction inspirée du
sentiment qui vous étreint devant cette arche formidable, d’où
semble poussée comme une clameur de victoire, continue, plus
retentissante que les cuivres de cent Benommées, du haut du socle
qui la tend orgueilleuse à l'horizon d’Hindoustan. Et le grand cri
d'orgueil, par-dessus les riches plaines, les villes pacifiées, la jungle
insoumise, s’en va mourir fondu dans le murmure étonné des plages
méridionales.

Alors on songe à d’autres paroles, celles dont le triple ruban
forme le haut rectangle, où, selon le rite presque invariable, l’arc
se découpe avec une auguste simplicité. Elles disent : « Le monde
 
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