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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Kahn, Gustave: Max Liebermann: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0344

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298

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Le technicien qu’est M. Liebermann est justement célèbre. Ses
pointes sèches, ses vernis mous, ses dessins, ses toiles, portent
tous l’empreinte d'un art sûr de lui, impeccable. Des critiques,
M. Kæmmerer1 entre autres, placent ses eaux-fortes à côté de celles
de Rembrandt; on ne peut leur refuser un charme infini, une science
des douceurs d’atmosphère et des graduations savamment nuancées
dans le gris, qui lui permettent d’évoquer, en une petite pointe
sèche, toutes les transparences de la mer prochaine, presque latente
en son paysage de dunes. Ses dessins, par des simplifications har-
dies, donnent toute l’enveloppe et tout le mouvement des milieux
les plus différents, que ce soit la maison hollandaise, avec ses allées
de lumière tamisée, ou cette rue de Milan que quelques rapides traits
de crayon peuplent de vives silhouettes, ces placides, ces résignées
figures de Hollandaises, qu’il a su si bien saisir et où il a mis tant
de sa personnalité.

M. Max Liebermann est surtout un artiste cultivé; il a toutes
les qualités du peintre, il a aussi celles du lettré. Il sait ce qu’il
veut, et ce qu’il veut il l’obtient d’une technique très souple. Par
rapport à nous, il est un des peintres étrangers qui se rapprochent
le plus de la vision d’art que nous admettons le plus généralement,
c’est-à-dire qu’elle se rattache, puisqu’il s’agit surtout ici d’un
paysagiste, à l’école de Barbizon, et qu’il est parallèle aux efforts
des premiers impressionnistes. Par rapport à l’Allemagne, on peut
dire de M. Max Liebermann que son art, pour se servir d’une expres-
sion venue d’Allemagne, est plus « mondial » que celui des artistes
plus épris que lui d’un art d’essence purement germanique, ce qui
fait que M. Liebermann dépasse la portée des artistes locaux purement
curieux, caractéristiques mais sur une surface restreinte, et qu’il
compte parmi les grands artistes pour qui l’art est la vraie patrie.
C’est un haut cerveau d’Occidental, aidé par une des mains les plus
agiles et les plus habiles qui soient.

1. Max Liebermann, par M. le Dr Kæmmerer. Leipzig, E.-A. Seemann, 1893.

GUSTAVE KA UN
 
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