Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Riat, Georges: Hendrik-Willem Mesdag: artistes contemporains
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0442

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
388

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

caressante, riche en couleurs vigoureuses ou s’enveloppant de brumes
insaisissables. L’homme a disparu, et pourtant la poésie est restée,
plus profonde peut-être et plus simple. » Mesdag est des deux écoles.

Voici la mer solitaire. A peine, ici et là, dans le lointain, une
petite voile, qui rend la solitude plus écrasante encore, comme un
arbre dans la plaine immense. L’horizon plat s’enfonce loin, loin,
par delà le regard, dans les étendues de la Noord Zee, tandis que le
ciel s’ouvre sur l’infini. Les vagues se soulèvent déjà (Avant l’orage),
et présentent les signes avant-coureurs de la tempête. Les nuages,
lourds de bourrasque, se pressent les uns contre les autres, tout près
de s’entrechoquer; et le soleil, dont l’image sanglante s’étale sur
les Ilots, projette des lueurs d’incendie.

C’est aussi le Temps tranquille. « La toile1 est partagée, aux
deux tiers, entre le ciel iluide et la mer opaque, le ciel gris perle et
la mer verte, — non pas glauque, mais vraiment d’un vert
absinthe, — de sorte qu’il y a opposition de l’un à l’autre, et har-
monie par opposition. Une iloüille de barques est disséminée sur le
liquide miroir; au premier plan, deux petites lames étroites et
longues plissent la surface de l’eau...; ce ne sont que deux raies
blanches, à peine écumeuses, marquant la régulière pulsation de
Neptune au repos ; le flot lourd flaque contre les coques goudronnées,
imperceptiblement balancées; les voiles levées palpitent, pendantes
au mât... »

Ainsi, dans le panorama de la Zeestraat, à La Haye, dont
Mme Anna C. Croiset donne cette description : « De quelque côté qu’on
se tourne, le regard se perd dans l’espace infini. La mer s’étend
devant nous, avec sa physionomie d’un beau jour d’été, immense et
superbe; çà et là, le reflet d’un nuage assombrit le vert de ses vagues;
à l’horizon, d’un bleu indigo, on la voit fuir vers Katwyck en passant
par toutes les dégradations, et les barques lointaines se détachent
sur ces couleurs vives comme de luisantes taches blanches. Les
vagues se heurtent et se brisent contre les chaloupes de pêche, dont
les voiles à filets se découpent comme une dentelle... »

Mesdag a représenté la mer à toutes les heures des saisons et du
jour. C’est l’hiver, avec le ciel gris et bas sur l'horizon ; les gibou-
lées du printemps ; les splendeurs de l’été et du soleil ; et bien des
fois il a vibré à la poésie mélancolique de novembre. Voici les
matins triomphants, quand l’aurore se lève sur les eaux; les après-

1. Les Salons de 1899, par Paul Desjardins. (Gazette des Beaux-Arts, 3e série,
t. XXI, p. 448.)
 
Annotationen