406
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
des Villa, alternant avec leur devise six fois répétée : Droit et avant.
Sa décoration architecturale est une des plus belles, sinon la
plus belle qui soit jamais sortie des ateliers brabançons. « Les dais,
les fenestrages, les crochets des arcades et les redents décèlent
autant de goût de la part de celui qui a tracé le plan que d’habileté
chez le praticien qui l'a exécuté b » Le retable porte encore les
charnières des volets peints qui l’accompagnaient primitivement ;
malheureusement ceux-ci ont disparu. La chose est d’autant plus
regrettable que leur présence aurait probablement prouvé d'une
façon plus certaine la collaboration de van der Weyden à cette
œuvre superbe, en tous les cas digne d’avoir été inspirée par lui.
Il serait facile de trouver des exemples bien plus nombreux
prouvant l’influence ou la collaboration de van der Weyden dans
des œuvres de sculpture flamandes connues de son époque2. Nous
trouvons d’ailleurs cette influence du grand artiste tournaisien
encore très visible chez les nombreux artistes qui suivirent, après
lui, la forte impulsion qu’il sut leur donner. Elle est frappante,
par exemple, dans le retable de Saint-Léonard, à Léau (Brabant),
exécuté en 1478-1479 par Arnould « die Malder », de Bruxelles. Cet
artiste est également indiqué dans les comptes sous le nom d’Arnould
de Diest, et il fut, lui aussi, à la fois peintre et sculpteur3.
C’est l’œuvre de van der Weyden qui semble revivre dans ce
retable remarquable, où nous trouvons une réminiscence visible
des volets du fameux triptyque du musée d’Anvers représentant
Les Sept Sacrements, dont le sujet central, comme nous l’avons vu,
inspira tant de peintres et de sculpteurs au moyen âge.
1. J. Destrée, La Sculpture brabançonne (Annuaire de la Société d'archéologie de
Bruxelles, 1899).
2. Déjà depuis la publication de ce travail sur Roger van der Weyden,
divers archéologues m’ont signalé certaines œuvres sculpturales appartenant à la
première ou la seconde moitié du xve siècle, analogues aux types reproduits dans
le dernier numéro de la Gazette. M. Fierens-Gevaert, notamment, me parle d’un
admirable archange de pierre conservé à l’église de Sainte-Waudru, à Mons, et
qui se rapproche évidemment, dit-il, « par l’élancement fier des formes, de cer-
taines figures de Roger de la Pasture ».
3. « L’église de Léau, écrit M.A.Wauters, s’est embellie à deux époques com-
prises entre 1455 et 1479. La première est celle où vécurent Arnould de Diest,
Arnould le peintre. En 1455-1456, Arnould de Diest orna le grand chœur de
dais sculptés. » Plus loin, M. Wauters ajoute : « L’autel est composé de deux
fractions provenant, l’une d’un retable, exécuté en 1478-1479 par Arnould, « die
Malder», pour la chambre de Saint-Léonard. » (Revue d'histoire d’art et d’archéo-
logie, t. II, p. 52 et suiv.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
des Villa, alternant avec leur devise six fois répétée : Droit et avant.
Sa décoration architecturale est une des plus belles, sinon la
plus belle qui soit jamais sortie des ateliers brabançons. « Les dais,
les fenestrages, les crochets des arcades et les redents décèlent
autant de goût de la part de celui qui a tracé le plan que d’habileté
chez le praticien qui l'a exécuté b » Le retable porte encore les
charnières des volets peints qui l’accompagnaient primitivement ;
malheureusement ceux-ci ont disparu. La chose est d’autant plus
regrettable que leur présence aurait probablement prouvé d'une
façon plus certaine la collaboration de van der Weyden à cette
œuvre superbe, en tous les cas digne d’avoir été inspirée par lui.
Il serait facile de trouver des exemples bien plus nombreux
prouvant l’influence ou la collaboration de van der Weyden dans
des œuvres de sculpture flamandes connues de son époque2. Nous
trouvons d’ailleurs cette influence du grand artiste tournaisien
encore très visible chez les nombreux artistes qui suivirent, après
lui, la forte impulsion qu’il sut leur donner. Elle est frappante,
par exemple, dans le retable de Saint-Léonard, à Léau (Brabant),
exécuté en 1478-1479 par Arnould « die Malder », de Bruxelles. Cet
artiste est également indiqué dans les comptes sous le nom d’Arnould
de Diest, et il fut, lui aussi, à la fois peintre et sculpteur3.
C’est l’œuvre de van der Weyden qui semble revivre dans ce
retable remarquable, où nous trouvons une réminiscence visible
des volets du fameux triptyque du musée d’Anvers représentant
Les Sept Sacrements, dont le sujet central, comme nous l’avons vu,
inspira tant de peintres et de sculpteurs au moyen âge.
1. J. Destrée, La Sculpture brabançonne (Annuaire de la Société d'archéologie de
Bruxelles, 1899).
2. Déjà depuis la publication de ce travail sur Roger van der Weyden,
divers archéologues m’ont signalé certaines œuvres sculpturales appartenant à la
première ou la seconde moitié du xve siècle, analogues aux types reproduits dans
le dernier numéro de la Gazette. M. Fierens-Gevaert, notamment, me parle d’un
admirable archange de pierre conservé à l’église de Sainte-Waudru, à Mons, et
qui se rapproche évidemment, dit-il, « par l’élancement fier des formes, de cer-
taines figures de Roger de la Pasture ».
3. « L’église de Léau, écrit M.A.Wauters, s’est embellie à deux époques com-
prises entre 1455 et 1479. La première est celle où vécurent Arnould de Diest,
Arnould le peintre. En 1455-1456, Arnould de Diest orna le grand chœur de
dais sculptés. » Plus loin, M. Wauters ajoute : « L’autel est composé de deux
fractions provenant, l’une d’un retable, exécuté en 1478-1479 par Arnould, « die
Malder», pour la chambre de Saint-Léonard. » (Revue d'histoire d’art et d’archéo-
logie, t. II, p. 52 et suiv.)