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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Nr. 5
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Bonnefon, Paul: Claude Perrault, [2]: architecte et voyageur
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0497

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CLAUDE PERRAULT ARCHITECTE ET VOYAGEUR 439

décoratif. Voici une lettre écrite par Perrault à Colbert, au sujet
de l'Opéra, au moment où le roi venait d’en donner le privilège
exclusif à Lulli. Elle montrera comment l’architecte savait se tirer
des missions de confiance qu’on lui demandait.

A Paris, ce 27 janvier 1674.

Nous allâmes hier, M. Le Brun, mes frères et moi, voir l’Opéra, d’où
nous sortîmes très satisfaits, particulièrement des décorations et change-
ments du théâtre, qui sont à notre avis les plus beaux, les plus magnifiques
et les mieux éclairés qui aient encore été faits; mais rien ne nous a tant
étonnés que la prévention et l’obstination à trouver tout cela misérable, que
l’on voit dans la plus grande part des spectateurs : ce qui ne peut venir
que de cabale ou d’indignation. Il est vrai qu’il y a quelques petites
machines qui ne sont pas heureuses et qui peuvent donner quelque lieu à
la critique, mais outre qu’il est aisé de corriger ce qu’elles ont de défec-
tueux, ce ne sont nullement des choses essentielles et qui doivent l’em-
porter sur les grandes et principales machines, qui sont très belles. La
musique nous plut fort et les paroles aussi, quoique beaucoup des assis-
tants témoignassent n’en être pas contents, sans savoir assurément pour-
quoi et seulement pour ne se pas départir du dessein formé qu’ils avaient
de trouver tout mauvais. Une des principales plaintes est qu’on voit trop
les cordes ; cela est vrai, mais on peut y remédier en n’éclairant pas le
fond du théâtre, ce qu'il est aisé de faire : mais c’est un grand défaut à un
spectacle de n’être pas éclairé et il n’est pas malaisé de cacher les cordes
quand le fond du théâtre est si obscur qu’on ne voit presque rien du tout.
En mon particulier, j’aime mieux voir clair et voir des cordes que de
n’en voir ou ne savoir pas bien ce que je vois. Les ballets sont très beaux,
tant pour les habits que pour la danse.

J’ai envoyé à Monseigneur le dessin en grand pour les portes de
bronze des grands appartements de Versailles, il me les renvoiera, s’il lui
plaît, avec ses résolutions1.

Enfin, Claude Perrault était membre de l’Académie des Sciences
et, comme tel, avait été désigné par le roi lors de l’établissement de
cette compagnie. En vieillissant, il revint à peu près exclusivement
aces occupations, expériences ou dissections, qui avaient fait la joie
de ses années de labeur. Plusieurs volumes sont remplis par l’exposé
des résultats de ces recherches, et, physique, mécanique ou histoire
naturelle, il aborda toutes ces questions avec une originalité de

1. Bibliothèque Nationale, Manuscrits, Mélanges de Colbert, n° 167, f° 246.
Réintégré après avoir été détourné par Libri.
 
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