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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Nr. 6
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Hédiard, Germain: Les dessins de M. Fantin-Latour
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0524

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

mencés depuis si longtemps, qu’il devenait hasardeux de les conti-
nuer, le crayon ancien perdant beaucoup de sa vertu lithographique
en se desséchant. Pour toutes ces raisons, le carton en question
avait fini par être assez plein, il y a quelques années. On sait à
quel point le papier calque est cassant et sujet à se rouler dans les
cartons. Afin d’éviter ces accidents, M. Fantin fit un triage de tous
les dessins qu'il renonçait à faire reporter, et les donna à un enca-
dreur pour être collés en plein sur du bristol blanc.

Collés ou volants, les dessins sur calque dont je viens d’expli-
quer les origines forment, dans l’œuvre de M. Fantin, nn groupe
d’une importance exceptionnelle. Je ne dis rien des sujets : ils sont
naturellement de même ordre que ceux des lithographies, c’est-à-
dire qu’on y rencontre à peu près exclusivement des compositions
idéales, empruntées soit à la musique, soit à l’imagination pure.
Quant à l’exécution, les lithographies peuvent encore en donner une
idée assez approchante à ceux qui n’en ont pu voir aucun. Seule-
ment, comme on le pense, la différence des moyens amène aussi
quelque chose de distinct dans les résultats. Disons, en outre, que,
parmi les dessins, il s’en trouve de plus ou moins poussés, et que
souvent ces derniers ne sont pas les moins séduisants.

Une autre catégorie de dessins comprend ceux que M. Fantin a
faits pour être reproduits dans diverses publications. Il y a vingt ou
vingt-cinq ans, les procédés photographiques n’avaient pas encore
la perfection que nous leur voyons maintenant. En essayant de
reproduire directement la peinture elle-même, on n’eût obtenu que
des résultats trop défectueux. Pour accompagner des articles où il
était question de leurs tableaux, on s’adressait donc aux artistes et on
les priait d’en donner un croquis, dont le trait paraissait toujours
avec une netteté suffisante sur le cliché. Toujours ennemi des à peu
près, toujours soucieux de ne jamais inscrire son nom au bas d’une
chose à ses yeux indigne d’être montrée, M. Fantin donnait ainsi
des dessins extrêmement serrés et complets. Les reproductions
seraient des modèles d’interprétation de sa peinture, si trop souvent
les ouvriers n’avaient été au-dessous de leur tâche, surtout si l’on
s’était abstenu de retoucher.

Le premier, je crois1, et l’un des plus beaux dessins de cette

1. Un dessin de même nature fut cependant exécuté à une époque bien plus
ancienne, mais il n’était pas destiné à la reproduction. S’il existe encore, il
constitue le seul souvenir complet d’un ouvrage singulier, qui, lui, n’existe plus.
En 4855, M. Fantin et quelques-uns de ses camarades de l’atelier Lecoq de
 
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