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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Nr. 6
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Portalis, Roger: Adélaïde Labille-Guiard (1749 - 1803), [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0542

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478

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

temps à être de l’Académie de peinture, et toutes deux avaient des
titres brillans pour y prétendre ; mais les académiciens craignant
que les artistes du sexe n’entrassent en trop grand nombre dans la
Compagnie, voulaient, pour parer aux abus possibles, que l’autorité
intervînt en faveur des deux qui se présentaient. Ils savaient
d’ailleurs qu’Adélaïde Labille, alors Mme Guiard, était en relation
avec le ministre des Arts et qu’il lui était facile de s’en faire
appuyer. Ils le lui conseillèrent donc, plaçant à côté de ce conseil le
danger du scrutin secret. Elle repoussa avec force ce moyen oblique,
déclarant qu’elle voulait être jugée et non protégée, et que si son
talent n’était pas jugé digne de l’Académie, elle travaillerait sans
relâche à le perfectionner, qu’elle répondrait à des refus par des
efforts nouveaux... »

L’artiste était bien décidée, on le voit, à n’entrer à l’Académie
que par la grande porte. Elle voulait aussi faire tomber le préjugé
qui s’attache aux œuvres d'art sorties de la main des femmes, et
faire taire enfin les malveillants qui disaient ses ouvrages retouchés
par une main amie, en peignant sous leurs yeux, les académiciens
ses juges, « afin qu’ils sussent par eux-mêmes si tout son talent lui
appartenait. »

Le succès justifia ses prétentions et Mme Guiard fut agréée et
reçue dans la même séance, le 31 mai 1783. Les procès-verbaux
de l’ancienne Académie royale donnent quelques détails précis sur
cette réception ainsi que sur celle de Mmc Vigée-Lebrun, réception
qui eut lieu pour cette dernière, malgré l’opposition de son direc-
teur, le peintre Pierre, appuyé sur l’article des statuts interdisant à
tout membre de l’Académie le commerce des tableaux :

Pour te ravir cet honneur
Lise, il faut avoir le cœur
De Pierre, de Pierre.

Il ne fallut rien moins, pour la vaincre, que le désir forme
exprimé par la reine, et l’ordre du roi, transmis par le comte d’An-
giviller.

Devant cette injonction, l’Académie « exécutant avec un pro-
fond respect les ordres de son souverain, a reçu la demoiselle
Vigée, femme du sieur Lebrun, académicienne, sur la réputation
de ses talens. »

L’Académie fit bien et n’eut pas à s’en repentir. Plût à Dieu que
la royauté n’eût jamais commis d’autre abus de pouvoir ! Pour
 
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