Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 31.1904

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Bouchot, Henri: Les primitifs français: le "parement de Narbonne" au Louvre (1347); le peintre Jean D'Orleans à Paris
DOI article:
Reinach, Salomon: Deux miniatures de la Bibliothèque de Heidelberg, attribuées à Jean Malouel
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24813#0069

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
DEUX MINIATURES DE LA BIBLIOTHÈQUE DE HEIDELBERG 59

le cheval blanc figuré sur la seconde miniature ne trahit encore en
aucune façon l’influence des van Eyck, qui devient très sensible dans
les miniatures franco-flamandes après 1420. Je croirais volontiers que
les deux peintures de Heidelberg sont antérieures de quinze ou vingt
ans à cette date et qu elles appartiennent aux toutes premières années
du xve siècle.

Un examen rapide suffit à convaincre qu’il existe un intervalle
assez considérable entre les miniatures de Heidelberg et celles des
frères de Limbourg à Chantilly. Ces dernières marquent un grand
progrès vers le réalisme et la puissance expressive; ce sont les chefs-
d’œuvre de l’école, contemporains, ou peu s’en faut, de la mort du
prince autour duquel ce grand mouvement artistique s’était
produit. Sans vouloir restreindre la part du génie des Limbourg, on
peut croire qu’ils ont dû quelque chose de leur supériorité sur leurs
prédécesseurs à la connaissance de modèles italiens d’un art plus
achevé, notamment de Gentile da Fabriano1. Il est impossible de
regarder les belles pages du manuscrit de Chantilly à côté d’une
photographie de Y Adoration des Mages de Gentile, sans être frappé
des ressemblances. Il est vrai que Y Adoration est de 1423, tandis que
les miniatures en question remontent peut-être à 1414; mais Gentile,
mort en 1428, parait avoir exécuté des travaux importants à Venise
dès 14092 et il se pourrait que de petits tableaux de ce maître char-
mant, analogues à la prédelle que possède le Louvre, eussent été
transportés en Flandre dès cette époque. Si les Limbourg n’ont pas
été influencés par Gentile, c’est alors qu’ils ont influé sur lui; cela
aussi est possible, car il y avait alors un va et vient très actif de
négociants et d’ouvriers d’art entre la Flandre et l’Italie ; mais,
avant de rien affirmer à cet égard, il faudrait des indices chronolo-
giques qui nous font défaut3.

La difficulté n’est pas moindre lorsqu’il s’agit d’expliquer cer-
taines analogies, d’ailleurs incontestables, entre les œuvres de
Pisanello et celles des van Eyck4. Sont-ce les Flamands, est-ce

1. Il est digne de remarque que lorsque Rogier van der Weyden alla en
Italie (1450), les peintures qui le frappèrent le plus furent précisément celles de
Gentile da Fabriano au Latran.

2. Venturi, Gentile da Fabriano e Pisanello, p. 6.

3. Courajod a été frappé des affinités entre l’art du nord (franco-flamand et
rhénan) et celui de Gentile da Fabriano et de Pisanello (Leçons, t. II, p. 268) ; mais
il admettait que la France, dès la fin du xive siècle, était profondément pénétrée
d’éléments italiens (ibid., p. 462).

4. Les erreurs des experts sont instructives à cet égard; ainsi la Vision de
 
Annotationen