Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 31.1904)

LE PALAIS FARNÈSE

ül palais n’a, dans Rome, l’allure plus fière que
le palais Farnèse. Cette magnifique demeure a
pour elle le prestige d'une longue histoire où les
noms des Farnèse, qui furent ses hôtes, se mê-
lent à ceux de San Gallo et de Michel-Ange, qui
furent ses architectes. Elle a surtout l’incompa-
rable prestige que lui confère la noblesse de sa façade presque nue,
la richesse sévère de sa corniche, l’ampleur de sa masse carrée qui
semble une forteresse. Le palais Farnèse se dresse sur une place
paisible, dominant d’un côté le Tibre et regardant le Janicule, fai-
sant face de F autre côté au Campo di Fiori. 11 est ainsi en plein cœur
de Rome, non loin du palais de la Chancellerie, qui est au Pape, et à
proximité de ce corso Vittorio Emmanuele bruyant et remuant,
qui est le chemin de Saint-Pierre. Depuis trente ans, il est occupé
par l’ambassade de France auprès du Quirinal, et par l’Ecole
française, qui disposent des deux étages. Aujourd’hui le gouver-
nement français songe à devenir le possesseur définitif du palais
qu’il occupe depuis tant d’années, et dont il a fait l’asile attitré
de ses représentants officiels. Le Parlement est déjà saisi d’un
projet de loi. Même s’il juge avec certains que l’Etat s’impose une