Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 31.1904)

LES SALONS DE 1904

(premier article)

SOCIÉTÉ NATIONALE DES BEAUX-ARTS

PiT!E Salon du Champ-de-Mars a eu, comme

tous les schismes, son époque révo-
lutionnaire. Il est entré depuis déjà
plusieurs années dans son cre de jouis-
sance paisible et de consécration. Ce
n’est pas qu’il ait eu une formule d’art
exclusive etqu’il l’ait abandonnée. Son
succès s’expliquait par la qualité des
maîtres qui avaient levé l’étendard du
séparatisme et la petite sélection d’ar-
tistes qui les avaient suivis. Peu nombreux, leur réunion n’apparaissait
point comme un alignement indéfini de toiles aux couleurs chaotiques
et cacophoniques et la cohue de l’ancien Salon mettait en valeur sa
sobre tenue. Chacun y avait son morceau de cimaise et une surface
importante où son exposition personnelle formait un ensemble isolé
et permettait aux regards du public de se faire à son genre, à sa
couleur, à son sens de la traduction des objets; c’était une série de
petits Salons. Et il faudra bien nous habituer à chercher un artiste
ailleurs que dans ce grouillement des foires de printemps. Les gale-
ries où les marchands organisent des expositions nous apprennent
plus de choses sur l’art contemporain que ces rendez-vous bourgeois,