Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 31.1904)

ARTISTES CONTEMPORAINS

ALBERT LEBOURG

(deuxième et dernier article

olr déterminer un progrès décisif dans l’évolution
du talent, il faut des problèmes qui sachent
surexciter la volonté et extérioriser sa puissance
inconsciente. En abordant une province très
dissemblable de celles où il avait vécu et peint
auparavant, Albert Lebourg se proposait l’énigme
de difficultés inconnues; c’est à les vaincre que
se dépensèrent ses facultés et elles trouvèrent de la sorte leur voie
de plein épanouissement.

11 n’en va plus de l’Auvergne comme de la Normandie et de
l’Ile-de-France; le sol tourmenté, hérissé de crêtes, garde la trace
des anciennes convulsions volcaniques ; au pied des cratères éteints
aboutissent des régions bouleversées ou monotones, riantes ou
farouches. Ces contrastes justifient le crédit dont la Limagne n’a
cessé de jouir auprès des peintres, depuis Théodore Rousseau, Ali-
gny et Marilhat, jusqu’à Lebourg. Sa timidité n’avait pas à s’effrayer
d’un pays où la nature reste accessible, même quand elle paraît gran-
diose. La montagne ne vous y opprime pas, comme il arrive parfois
en Suisse, et les sites y gardent, dans leur noblesse, des attraits
qui n’offrent rien d’humiliant ou d’altier. L’Auvergne acheva de
révéler l’artiste à lui-même; elle aviva chez lui une prédilection,
déjà marquée, pour les larges échappées et les vues cavalières; la 1

1. Voir la Gazette des Beaux-Arts, 1903, t. If, p. 455.