Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 31.1904)

UNE ŒUVRE DE WATTEAU

AU MUSÉE UE DIJON

Le musée de Dijon possède une
Danse paysanne attribuée à Claude
Gillot. L’œuvre, léguée par Mme veuve
Dècle, portait déjà le nom de l’artiste
quand elle est entrée dans les collec-
tions municipales. Les tableaux du
peintre de Langues sont assez rares
pour qu’on ne néglige à son actif au-
cune toile nouvelle. Celle-ci n’y figu-
rait pas encore. Philippe Burty n’en
parle pas dans son catalogue de l’œu-
vre de Gillot1, et Antony Yalabrègue
n’en fait mention ni dans sa plaquette
ni dans les deux articles de la Gazette
qu’il a consacrés au maître de Wat-
teau2. Il ne signale même aucune
œuvre qui ait quelque parenté avec
cette Danse paysanne. La Baraque de
Vempirique, les Apprêts du marché,
les Adversaires et les Partisans du carême, les Scènes de tréteaux,
voilà les sujets familiers à la verve du peintre quand elle laissait en
paix le dieu Pan, Arlequin,les singes. Jamais l’esprit et l’ironie de
Gillot ne se colorent d’une pointe de tendresse souriante comme dans
cette petite œuvre, où l’on voit un couple dansant au premier plan,
un couple dont la femme, plus rêveuse, plus amoureuse que joyeuse,

1. Publié dans L’Art clu xixe siècle, année 1857, p. 234, 247, 257.

2. Un Maître fantaisiste au xviue siècle (extrait de Y Artiste) et Claude Gillot
(■Gazette des Beaux-Arts, 1899, t. I, p. 385 et t. II, p. 115).