GAZETTE DES BEAUX-ARTS
peintre gueldrois Malouel (Maelwael, sur son sceau), qui remplaça
Beauneveu, vers 1397, dans les fonctions de peintre du duc de Berryh
Jean Malouel travaille pour les Chartreux de Dijon en 1396 ; en 1399, il
peint les armes de Bourgogne sur des écussons; il fait des harnais de
joute en 1404 et disparaît des comptes en 14122. C’était donc un de
ces peintres « à tout faire », à la fois peintre de panneaux, décorateur
et miniaturiste. M. de Champeaux a justement fait observer que le
tableau circulaire du Louvre ressemble bien plus à une grande mi-
niature qu’à un tableau. « Les figures, dit-il, en sont peintes avec
une surprenante richesse de tons, mais on voit que les détails et la
composition générale sont traités par un artiste familiarisé avec la
dimension restreinte des pages de manuscrits. » Il me sera permis
d’ajouter que l’identité de facture du tableau du Louvre et des mi-
niatures m’a frappé à Heidelberg même, à un moment où j’ignorais
encore, ne l’ayant pas lu ou l’ayant oublié, l’article publié ici par
M. de Champeaux en 1898.
D’un élève de ce Malouel, le Brabantois Henri de Bellechose, le
Louvre possède deux tableaux dont l’attribution est certifiée par des
documents : ils proviennent l’un et l’autre de la Chartreuse de Dijon
et représentent la Vie de saint Denis et la Vie de saint Georges. La
première de ces œuvres est très supérieure à la seconde et d’un style
tellement semblable à celui de la Pietà circulaire qu’on a supposé,
avec toute vraisemblance, qu’elle a été commencée dans l’atelier de
Malouel3. La certitude de l’attribution de cette peinture à Bellechose
et le fait avéré que Bellechose est sorti de l’école de Malouel rendent
plus que probable, pour ne pas dire certaine, l’attribution du pan-
neau circulaire au maître gueldrois.
Dans les comptes de Bourgogne, le nom de Malouel est quelque-
fois écrit Manuel. Or, on connaît, à la même époque, deux enlu-
mineurs du nom de Manuel: Polequinet Hennequin, qui travaillèrent
en 1400-1406 pour le duc de Bourgogne. M. de Champeaux a proposé
d’identifier Polequin et Hennequin Manuel ou Malouel à Pol de
Limbourg et à son frère Hennequin, neveux, à ce qu’il semble, du
peintre Malouel et auteurs des plus belles miniatures du manuscrit
de Chantilly. Si cette hypothèse, qui est très séduisante, se vérifie,
Saintes Femmes sur la miniature avec celle d’un des anges du tableau, etc. De
différences de style, même minimes, je n’en vois point.
1. Gazette des Beauz-Arts, 1898, t. I, p. 42.
2. Laborde, Ducs de Bourgogne, t. I, p. 565.
3. Gazette des Beaux-Arts, 1898, t. 1, p. 134.
peintre gueldrois Malouel (Maelwael, sur son sceau), qui remplaça
Beauneveu, vers 1397, dans les fonctions de peintre du duc de Berryh
Jean Malouel travaille pour les Chartreux de Dijon en 1396 ; en 1399, il
peint les armes de Bourgogne sur des écussons; il fait des harnais de
joute en 1404 et disparaît des comptes en 14122. C’était donc un de
ces peintres « à tout faire », à la fois peintre de panneaux, décorateur
et miniaturiste. M. de Champeaux a justement fait observer que le
tableau circulaire du Louvre ressemble bien plus à une grande mi-
niature qu’à un tableau. « Les figures, dit-il, en sont peintes avec
une surprenante richesse de tons, mais on voit que les détails et la
composition générale sont traités par un artiste familiarisé avec la
dimension restreinte des pages de manuscrits. » Il me sera permis
d’ajouter que l’identité de facture du tableau du Louvre et des mi-
niatures m’a frappé à Heidelberg même, à un moment où j’ignorais
encore, ne l’ayant pas lu ou l’ayant oublié, l’article publié ici par
M. de Champeaux en 1898.
D’un élève de ce Malouel, le Brabantois Henri de Bellechose, le
Louvre possède deux tableaux dont l’attribution est certifiée par des
documents : ils proviennent l’un et l’autre de la Chartreuse de Dijon
et représentent la Vie de saint Denis et la Vie de saint Georges. La
première de ces œuvres est très supérieure à la seconde et d’un style
tellement semblable à celui de la Pietà circulaire qu’on a supposé,
avec toute vraisemblance, qu’elle a été commencée dans l’atelier de
Malouel3. La certitude de l’attribution de cette peinture à Bellechose
et le fait avéré que Bellechose est sorti de l’école de Malouel rendent
plus que probable, pour ne pas dire certaine, l’attribution du pan-
neau circulaire au maître gueldrois.
Dans les comptes de Bourgogne, le nom de Malouel est quelque-
fois écrit Manuel. Or, on connaît, à la même époque, deux enlu-
mineurs du nom de Manuel: Polequinet Hennequin, qui travaillèrent
en 1400-1406 pour le duc de Bourgogne. M. de Champeaux a proposé
d’identifier Polequin et Hennequin Manuel ou Malouel à Pol de
Limbourg et à son frère Hennequin, neveux, à ce qu’il semble, du
peintre Malouel et auteurs des plus belles miniatures du manuscrit
de Chantilly. Si cette hypothèse, qui est très séduisante, se vérifie,
Saintes Femmes sur la miniature avec celle d’un des anges du tableau, etc. De
différences de style, même minimes, je n’en vois point.
1. Gazette des Beauz-Arts, 1898, t. I, p. 42.
2. Laborde, Ducs de Bourgogne, t. I, p. 565.
3. Gazette des Beaux-Arts, 1898, t. 1, p. 134.