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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
reur les conciliabules qui se tenaient au palais Farnèse. Napoléon
irrité songea rapidement à confisquer le plus beau palais romain,
et, en 1811, une lettre ordonna de mettre sous séquestre lesbiens
appartenant à Rome au ci-devant roi de Naples, dont Murat se
croyait à tort propriétaire. Cette lettre n’eut pas de suite : Murat
resta en possession du palais et put y comploter à son aise. Restitué
aux Bourbons après 1815, le palais Farnèse a été laissé, après 1870,
à Sa Majesté napolitaine, et M. Louis Madelin, qui a raconté l’his-
toire de cette tentative de Napoléon, ajoute : « Le palais est resté
terre napolitaine. C’est ce qui a permis à ses locataires de connaître
ce curieux et aimable duc de San Martino, administrateur du palais
pour Sa Majesté napolitaine, et ce vénérable Suisse, Bartolomeo, qui
retire avec tant de componction sa casquette lorsqu’il parle du Re
Francesco. » Aujourd’hui les salons rajeunis de l’ambassade
semblent vivre d’une vie nouvelle, que favorisent à la fois la'politique
et les goûts de l’ambassadeur. L’Ecole française, installée depuis
lontemps au second étage, travaille sous la direction du spirituel
et savant M®1' Duchesne. L’Ecole, comme l’ambassade, se réjouiront
d’être chez elles dans le noble palais, plein de souvenirs, qui se
dresse fièrement sur la petite place, devant les deux fontaines de
marbre antique, tandis que derrière lui roulent les eaux jaunes du
Tibre.
ANDRÉ C H A U ME1X
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
reur les conciliabules qui se tenaient au palais Farnèse. Napoléon
irrité songea rapidement à confisquer le plus beau palais romain,
et, en 1811, une lettre ordonna de mettre sous séquestre lesbiens
appartenant à Rome au ci-devant roi de Naples, dont Murat se
croyait à tort propriétaire. Cette lettre n’eut pas de suite : Murat
resta en possession du palais et put y comploter à son aise. Restitué
aux Bourbons après 1815, le palais Farnèse a été laissé, après 1870,
à Sa Majesté napolitaine, et M. Louis Madelin, qui a raconté l’his-
toire de cette tentative de Napoléon, ajoute : « Le palais est resté
terre napolitaine. C’est ce qui a permis à ses locataires de connaître
ce curieux et aimable duc de San Martino, administrateur du palais
pour Sa Majesté napolitaine, et ce vénérable Suisse, Bartolomeo, qui
retire avec tant de componction sa casquette lorsqu’il parle du Re
Francesco. » Aujourd’hui les salons rajeunis de l’ambassade
semblent vivre d’une vie nouvelle, que favorisent à la fois la'politique
et les goûts de l’ambassadeur. L’Ecole française, installée depuis
lontemps au second étage, travaille sous la direction du spirituel
et savant M®1' Duchesne. L’Ecole, comme l’ambassade, se réjouiront
d’être chez elles dans le noble palais, plein de souvenirs, qui se
dresse fièrement sur la petite place, devant les deux fontaines de
marbre antique, tandis que derrière lui roulent les eaux jaunes du
Tibre.
ANDRÉ C H A U ME1X