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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 31.1904

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Nr. 2
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Lefrançois-Pillion, Louise: Deux "vies" d'évêques sculptées à la cathédrale de Rouen, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24813#0174

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150

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Les deux premiers motifs (A 1 et 2, fig. III et IV) se rapportent à
Lenfance de saint Ouen et racontent d'abord comment, désirant
prendre un bain, et sa mère lui ayant fait observer qu’il n’y avait
pas d’eau dans la maison, il fit jaillir du rocher une source miracu-
leuse, puis comment (fait qui ne paraît pas à première vue très sur-
naturel) il chassa un vol de grues du champ de son père. Ce dernier
miracle ne nous est connu que par une mention de Dom Pommeraye,
qui, au xvne siècle, déclare lui-même ne l’avoir trouvé dans aucun
manuscrit et n’en avoir connaissance que par « la vieille tapis-
serie de l’église », tapisserie qui semble avoir disparu à la Révo-
lution. Remarquons que dans ces représentations, l’enfant qui,
d’après les textes, ne devait pas encore avoir dix ans, est devenu un
évêque déjà crossé et mitré. Les artistes du moyen âge nous ont
habitués à l’audace de leurs anachronismes, mais celui-ci est d’au-
tant plus hardi que, dans un instant, nous verrons le saint reprendre
la forme d’un petit enfant. Ne nous plaignons pas d’ailleurs, car
cette inconséquence nous vaut une belle figure d’évêque debout dans
une attitude d’autorité majestueuse devant le rocher d’oii coule un
filet d’eau.

Nous rentrons de plain-pied dans l’histoire avec le deuxième
médaillon (À 3, fig. III) qui nous montre saint Ouen enfant rece-
vant avec ses frères Ado et Rado (lui-même s’appelait Dado) la béné-
diction de saint Columban, abbé de Luxeuil, alors en fuite devant
la colère de Brunehaut dont il venait de stigmatiser les désordres.
Les trois petits enfants sont groupés de façon symétrique et amu-
sante entre leur mère et le saint qui les encadrent.

Comme saint Romain, dès qu’il a atteint « l’âge robuste » saint
Ouen est envoyé à la cour du roi; il était de noble famille et faisait
partie de ce qu’on appelait alors les « optimates ». Dans le bas-relief
A 4 (fig. IV) nous le voyons investi par Dagobert de la charge de
référendaire ou chancelier. Il se lie d’étroite amitié avec Eloi, simple
orfèvre que ses talents et sa probité venaient de faire entrer dans la
faveur royale. « Comme deux oliviers féconds ou deux candélabres
d’or illuminés du soleil de justice, ils brillaient d’un éclat égal à la
cour du roi », dit une des Vies. Les sièges de Rouen et Noyon étant
devenus vacants, tous deux sont élus évêques, et dans le B 1 (fig. III)
nous voyons le roi remettre lui-même la crosse à ses deux conseil-
lers.

Mais saint Ouen vent se préparer à sa nouvelle mission en allant
évangéliser les populations idolâtres d’Espagne et nous le voyons
 
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