Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 31.1904)

DEUX u VIES » D’ÉVÈQUES A LA CATHÉDRALE DE ROUEN 157

un fidèle à genoux (E 2, fig. IV) la guérison du muet âgé de douze
ans à qui saint Ouen rendit la parole.

Enfin, les deux derniers et très jolis reliefs (E 3 et 4, fig. 111 et IV)
représentent l’exorcisme d’une femme possédée du démon rencontrée
par le saint à Verdun en revenant de Cologne où il était allé apaiser
les discordes survenues entre Neustriens et Austrasiens. La figure
de la femme, heureusement indemne de toute restauration, nous
montre le seul spécimen de draperie féminine que présentent les
deux séries de sculptures que nous avons analysées, draperie large
et souple d’un excellent style. De sa tête s’échappe, aux adjuration s du
saint, une petite figure de démon cornu (v. détail en tête de cet article).

Nous voici parvenue au terme que nous avions assigné à celte
étude. Nous serions heureuse si nos efforts pouvaient contribuer à
donner à ce témoin trop peu connu de l’art du xme siècle la place
qu’il nous semble mériter, aux pieds des grands chefs-d’œuvre, dans
l’admiration et la sympathie de tous ceux qui s’intéressent ardem-
ment à la période héroïque de notre grande sculpture française. A
ceux-là la suite des bas-reliefs do Rouen, avec les histoires de
Jacob et de Joseph, de Job et de Judith, du mauvais riche, avec les
sujets énigmatiques du portail des Libraires sur lesquels il reste
beaucoup à dire, ménage encore des jouissances délicates et rares,
et tout notre désir est de parvenir un jour à les leur faire goûter
plus complètement.

LOUIS L P] LL 10 IN