GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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ledit de la famille; le costume est la maison personnelle; le mobi-
lier participe de ces deux éléments. » Aussi a-t-il recherché les
diverses manifestations de l’existence journalière dans Le Meuble en
France au -vru siècle (1887, in-4°), dans les Voyages et Voyageurs
de la Renaissance (1893, in-8°), dans les Eludes sur la vie privée de
la Renaissance (1898, in-8°).
Quelques chapitres de ces divers livres ont paru ici. Un autre
article (1er avril 1888), qui n’a pas été, que je sache, réimprimé,
porta un coup funeste à la théorie de Benjamin Fillon, générale-
ment adoptée depuis 1864, sur l’origine des faïences dites « de
Henri II » ou « d’Oiron ». Je n’ai point à reprendre ici le débat qui se
ralluma sur-le-champ et qui n'est point de ma compétence, mais
les arguments accumulés par Bonnaffé font désormais pencher la
balance en faveur de Saint-Porchaire, et les nouvelles preuves qu'il
apporta en 1895 dans la Gazette n’ont pas, ce me semble, trouvé de
contradictions sérieuses.
Antérieurement à ces précieuses contributions d’histoire et de
critique Bonnaffé avait réuni, sous le titre de Causeries sur l’art
et la curiosité (1878, gr. in-8°), des fragments de moins longue haleine.
Il aimait celte forme de la lettre ou du dialogue qui condense en
quelques pages tout le suc d’une longue préparation, ou qui encadre
un texte oublié ou ignoré. Les Propos de Valentin (1887, in-8°) sont
sortis de la même veine et offrent, avec les mêmes qualités, les
mêmes attraits.
Edmond Bonnaffé aurait pu faire sienne celle pensée de Leibnitz :
« Le Présent, fils du Passé, est gros de l’Avenir », tant il a témoi-
gné combien le préoccupaient les destinées de nos industries de
luxe et de nos manufactures d’art. N’a-t-il pas, le premier, réclamé
la création d’ « un musée qui ne coûterait rien » en réunissant les
plus beaux spécimens du Garde-Meuble et du mobilier des minis-
tères? N’a-t-il pas proclamé la déchéance des vieilles distinctions
entre les arts « nobles » et les arts « serviles » pour lesquels il rêvait
la fondation d’une école unique?
Toutes ces questions, il se plaisait à les agiter, soit à ses récep-
tions du dimanche, dans le cabinet de travail et la galerie de son
petit hôtel où affluaient les visiteurs, dont un précieux Album ami-
cor um a recueilli les noms, soit, l’après-midi, chez ses confrères
pour la plupart aujourd’hui disparus : le baron Pichon, Spitzer,
Eugène Piot, Victor Gay, Ch. Davillier. C’est de ces causeries qu’est
née cette spirituelle Physiologie du curieux (1881, in-12), dont il se
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ledit de la famille; le costume est la maison personnelle; le mobi-
lier participe de ces deux éléments. » Aussi a-t-il recherché les
diverses manifestations de l’existence journalière dans Le Meuble en
France au -vru siècle (1887, in-4°), dans les Voyages et Voyageurs
de la Renaissance (1893, in-8°), dans les Eludes sur la vie privée de
la Renaissance (1898, in-8°).
Quelques chapitres de ces divers livres ont paru ici. Un autre
article (1er avril 1888), qui n’a pas été, que je sache, réimprimé,
porta un coup funeste à la théorie de Benjamin Fillon, générale-
ment adoptée depuis 1864, sur l’origine des faïences dites « de
Henri II » ou « d’Oiron ». Je n’ai point à reprendre ici le débat qui se
ralluma sur-le-champ et qui n'est point de ma compétence, mais
les arguments accumulés par Bonnaffé font désormais pencher la
balance en faveur de Saint-Porchaire, et les nouvelles preuves qu'il
apporta en 1895 dans la Gazette n’ont pas, ce me semble, trouvé de
contradictions sérieuses.
Antérieurement à ces précieuses contributions d’histoire et de
critique Bonnaffé avait réuni, sous le titre de Causeries sur l’art
et la curiosité (1878, gr. in-8°), des fragments de moins longue haleine.
Il aimait celte forme de la lettre ou du dialogue qui condense en
quelques pages tout le suc d’une longue préparation, ou qui encadre
un texte oublié ou ignoré. Les Propos de Valentin (1887, in-8°) sont
sortis de la même veine et offrent, avec les mêmes qualités, les
mêmes attraits.
Edmond Bonnaffé aurait pu faire sienne celle pensée de Leibnitz :
« Le Présent, fils du Passé, est gros de l’Avenir », tant il a témoi-
gné combien le préoccupaient les destinées de nos industries de
luxe et de nos manufactures d’art. N’a-t-il pas, le premier, réclamé
la création d’ « un musée qui ne coûterait rien » en réunissant les
plus beaux spécimens du Garde-Meuble et du mobilier des minis-
tères? N’a-t-il pas proclamé la déchéance des vieilles distinctions
entre les arts « nobles » et les arts « serviles » pour lesquels il rêvait
la fondation d’une école unique?
Toutes ces questions, il se plaisait à les agiter, soit à ses récep-
tions du dimanche, dans le cabinet de travail et la galerie de son
petit hôtel où affluaient les visiteurs, dont un précieux Album ami-
cor um a recueilli les noms, soit, l’après-midi, chez ses confrères
pour la plupart aujourd’hui disparus : le baron Pichon, Spitzer,
Eugène Piot, Victor Gay, Ch. Davillier. C’est de ces causeries qu’est
née cette spirituelle Physiologie du curieux (1881, in-12), dont il se