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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 31.1904

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Nr. 4
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Tourneux, Maurice: Études d'iconographie française, 2, Identification de deux modèles de La Tour
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https://doi.org/10.11588/diglit.24813#0313

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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gueillir de cette trouvaille, j’aurais vite appris aux dépens de mon
amour-propre que la cause n’était pas encore gagnée, car en 1898,
je retrouvais au tome VI de Y Histoire de la littérature française
publiée sous la direction de Petit de Julleville, le portrait de Mont-
pellier portant la double mention erronée consacrée par la tradition,
et M. Pierre de Ségur, auteur du Royaume de la rue Saint-Honoré
(1898), l’a également acceptée sans discussion. Et nunc erudimini...,
vous tous qui vous flattez de faire progresser la vérité!

Je ne crois pas aujourd’hui m’exposer aux mêmes déceptions en
proposant de désigner sous les véritables noms de leurs modèles
deux pastels peints par La Tour, dont l’un appartient depuis long-
temps à notre Louvre, et dont l’autre est récemment entré dans la
galerie d’élite formée par M. Jacques Doucet.

I

Le premier de ces portraits est celui que décrit ainsi le n° 820 du
catalogue Reiset : « Portrait d’un personnage vêtu de noir, assis,
portant l’ordre du Saint-Esprit et tenant un livre sur le genou. Il est
vu de trois quarts et tourné à droite. » Mais quel est ce personnage?
Nul n’avait encore essayé de le déterminer, et, comme il n’a été, que
je sache, ni mentionné autrefois, ni gravé, il n’y avait pas à compter
sur les ressources que fournissent en pareil cas les collections du
Cabinet des estampes. Les Goncourt avaient exalté « le miraculeux
différenciement des trois noirs de l’habillement, se touchant sans se
confondre : le noir du velours de l’habit, le noir du satin de la dou-
blure, le noir de la soie des bas » ; mais dans les diverses éditions
de Y Art du xvnie siècle ils avaient risqué, avec un point d’inter-
rogation, le nom du marquis d’Argenson d’après une note de
M. Reiset et sans y insister, avec raison, car ce portrait n’est autre
que celui-là même qui figurait au Salon de 1715 |n° 166), avec cette
désignation : « M. Orry, ministre d’Etat, contrôleur général, peint en
grand. » Comment les armoiries figurées sur le plat du maro-
quin bleu dont est recouvert le volume posé sur le genou du per-
sonnage { depourpre à un lion d’or rampant et grimpant sur un rocher
d’argent, mouvant du côté droit cle Vécu), comment le cordon bleu du
Saint-Esprit qui passe sous l’habit de velours noir, n’avaient-ils point
dessillé les yeux des différents historiens de La Tour? Comment,
surtout, ni Reiset, ni aucun de ses savant collègues n’avaient-ils été
frappés de la ressemblance indiscutable qui existe entre ce portrait
 
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