L’EXPOSITION DES PRIMITIFS FRANÇAIS
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qui est bourguignon et ce qui ne l’est point, il devient, aussi, fort
ardu d’assigner une origine aux peintures éparses dans les autres
régions centrales où des apports ont pu venir, assez rarement
peut-être de Paris, mais souvent de Touraine, du Lyonnais, surtout
d’Avignon, le centre de production internationale le plus mêlé qu’il
y ait peut-être jamais eu. Heureusement, ce qui est beaucoup moins
difficile, c’est d’y reconnaître le caractère français. Tel est le cas, par
exemple, de cette belle Vierge protectrice, entourée de clercs et de
laïques, qui vient du couvent des Carmes, au Puy. Pauvre toile,
bien usée, bien fatiguée, presque en poussière. Mais quelle har-
monie, sûre et délicate, dans Rassortiment des colorations légères!
Quelle sincérité touchante, grave et douce, dans toutes les physio-
nomies des adorants, hommes et femmes, d’un dessin si juste et si
pur! Certes, l’artiste qui a peint cette bannière (?) ou tenture a vu
des miniatures parisiennes et des retables toscans, car on a toujours
vu quelque chose avant d’être un maître; mais avec quelle finesse,
précise et douce, à si grande distance d’illustres contemporains qu’il
ne connaissait pas sans doute, Vittore Pisano et Fra Angelico, il a
modelé légèrement, dans le même esprit, toutes ces têtes ferventes
et typiques! M. Bouchot a très justement signalé les rapports de
cet art avec l’art d’Enguerrand Charonton, l’auteur, heureusement
connu, du Triomphe de la Vierge à Villeneuve-lès-Avignon. Mais
Enguerrand Charonton nous porte en pleine activité des ateliers
du Midi, et c’est là, qu’avec les plus grandes joies, vont nous assaillir
aussi les plus singuliers problèmes
GEORGES LAFENESTRE
(La suite prochainement.)
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qui est bourguignon et ce qui ne l’est point, il devient, aussi, fort
ardu d’assigner une origine aux peintures éparses dans les autres
régions centrales où des apports ont pu venir, assez rarement
peut-être de Paris, mais souvent de Touraine, du Lyonnais, surtout
d’Avignon, le centre de production internationale le plus mêlé qu’il
y ait peut-être jamais eu. Heureusement, ce qui est beaucoup moins
difficile, c’est d’y reconnaître le caractère français. Tel est le cas, par
exemple, de cette belle Vierge protectrice, entourée de clercs et de
laïques, qui vient du couvent des Carmes, au Puy. Pauvre toile,
bien usée, bien fatiguée, presque en poussière. Mais quelle har-
monie, sûre et délicate, dans Rassortiment des colorations légères!
Quelle sincérité touchante, grave et douce, dans toutes les physio-
nomies des adorants, hommes et femmes, d’un dessin si juste et si
pur! Certes, l’artiste qui a peint cette bannière (?) ou tenture a vu
des miniatures parisiennes et des retables toscans, car on a toujours
vu quelque chose avant d’être un maître; mais avec quelle finesse,
précise et douce, à si grande distance d’illustres contemporains qu’il
ne connaissait pas sans doute, Vittore Pisano et Fra Angelico, il a
modelé légèrement, dans le même esprit, toutes ces têtes ferventes
et typiques! M. Bouchot a très justement signalé les rapports de
cet art avec l’art d’Enguerrand Charonton, l’auteur, heureusement
connu, du Triomphe de la Vierge à Villeneuve-lès-Avignon. Mais
Enguerrand Charonton nous porte en pleine activité des ateliers
du Midi, et c’est là, qu’avec les plus grandes joies, vont nous assaillir
aussi les plus singuliers problèmes
GEORGES LAFENESTRE
(La suite prochainement.)