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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 33.1905

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Nr. 1
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Cantinelli, Richard: L' exposition rétrospective des artistes lyonnais - peintres et sculpteurs, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24815#0048

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

couleur de plomb ou de fumée! Je ne sais si jamais peintre local
exprima avec une sincérité plus émue, un faire plus approprié à ce
qu’il voulut peindre, les perspectives courtes et embrumées de la
terre lyonnaise, que ne l’a fait Carrand, sur ces mauvais cartons où
le couteau à palette, le pinceau chargé de couleur, les doigts, tra-
vaillent à fixer des ciels, des brumes d’une limpidité déconcertante,
des terres rugueuses et bouleversées, tandis qu’au fond, très loin,
comme un œil de cyclope ennuyé, se devine le soleil.

Ravier, qui fut un chercheur solitaire, un improvisateur laborieux
— il peignait jusqu’à cinq et six études préliminaires pour une
aquarelle qui nous paraît un travail de premier jet— est représenté
dans cette exposition par une série inoubliable de couchants dorés
ou sanglants, de matins frémissants dans les arbres dépouillés.
La Cenlennale de 1900 l’avait révélé aux Parisiens et il en est allé
de même pour François Vernay, dont la Revue blanche a montré,
depuis, de prestigieux dessins de paysage. Sur des papiers rugueux,
d’un trait grossier de fusain rehaussé de pastel jaune, François Vernay
évoque des jardins somptueux baignés d'air et de lumière, il étend à
l’infini les plaines bossuées de rochers et miroitantes de flaques
d’eau. Un Paysage d’automne dont M. Brcsson vient de faire don
aux musées nationaux nous permettra d’admirer dans quelque temps
au Luxembourg la peinture de ce maître. Mais Vernay doit surtout
sa renommée à des tableaux de fruits et de fleurs, amas de pommes,
de poires et de raisins, bouquets de roses, d’une couleur hardie, puis-
sante et délicate, où le juteux des pulpes, le tendre éclat des pétales,
le duvet des épidermes, sont rendus par des procédés larges et sûrs.

11 me faut glisser sur les autres peintres, intéressants chacun par
leur vision personnelle, leur naïveté appliquée, toutes qualités qui
les rendent chers à leurs concitoyens, ne dire qu’un mot en passant
du très hardi et très réaliste dessinateur Anthclmc Jullien, que l’on
retrouvera d’ailleurs fort bien représenté au musée de Lyon, pour
en venir à Chinard, le sculpteur, dont les nombreux bustes, maquettes,
statuettes et médaillons nous révèlent en quelque sorte le talent un
peu oublié aujourd’hui. Je demanderai la permission au lecteur d’en
faire le sujet d’une prochaine étude, où je compte m’occuper aussi des
maquettes de Coysevox et des sculptures de Dufraine, dont l’idéalisme
religieux et le noble réalisme font songer aux plus belles œuvres
de l’art gothique français.

RICHARD CAXTINELLI

(La Sicile prochainement.)
 
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