Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 33.1905)

LES ARTISTES FRANÇAIS

AU SERVICE DES ROIS ANGEVINS DE NAPLES

(premier article)

L’art français a pénétré dans l’Italie méridio-
nale avant que le royaume des Normands et des
Hohenstaufen devînt, par la conquête de Charles
d’Anjou, un royaume français. Le roi Roger a été
représenté vers 1140 sur un émail de Limoges com-
mandé pour l’église de Saint-Nicolas, à
Rari; Frédéric II a fait bâtir en Sicile et
en Pouille des châteaux d’architecture
bourguignonne ou champenoise. Mais,
avant 1269, l’exportation et l’expansion
de l’art français dans le sud de l’Italie ne sont attes-
tées que par les monuments eux-mêmes; aucun
texte ne nomme un sculpteur ou un maître d’œuvre
français appelé en I talie, comme Guillaume de Sens
le fut à Cantorbéry et le Parisien Étienne de Bon-
neuilà Upsal. Au contraire, après la conquête ange-
vine, les monuments d’art français épargnés par le
temps sont bien moins nombreux que les noms
d’artistes français conservés par les documents
d’archives. Les « registres angevins » de Naples constituent pour
l’histoire de l'art français hors de France, comme pour l’histoire de
l’art florentin et siennois hors de la Toscane, un répertoire dont
l’équivalent ne se trouve peut-être dans aucun autre pays. Ils font
connaître, à côté d’un groupe d’architectes, une école d’orfèvres.
Grâce à ces documents, dont l’exploration est à peu près achevée,
l’histoire se trouve renseignée sur les orfèvres français des rois de
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XXXIII.

3e PÉRIODE.